• Entretien avec Karen Cheryl sur Europe 1
  • 29.09.1999
  • Marianne Cassini

Avant de rencontrer Goldman, Carole Fredericks, américaine de Springfield dans le Massachusetts (ce n’est pas du tout facile à dire !), était l’une des voix de studio les plus recherchées. Elle a chanté auprès de Michel Berger, France Gall, Souchon, Voulzy, Eddy Mitchell… Goldman, en entrainant Carole Fredericks sur le devant de la scène, a non seulement contribué à lui donner un visage, mais en a fait la Diva de notre chanson française. Une Diva qui a une joie de vivre communicative vous allez le voir, et qui est mon invitée, aujourd’hui, jusqu’à 18 heures.

[Carole Fredericks - « Qu’est-ce qui t’amène »]

Carole Fredericks, « Qu’est-ce qui t’amène », de l’album « Couleurs et parfums ». Bonjour Carole Fredericks !

Bonjour.

Carole, tu me confiais à l’instant que, comme ça au hasard des diffusions radiophoniques, quand tu écoutais un de tes titres, ça te procurait carrément une joie enfantine.

Oui, c’est fou et ça fait depuis longtemps. A chaque fois que j’entends une de mes chansons ou une où j’ai participé, cela me donne une joie comme une petite gamine, qui se trouve dans sa boîte de bonbons préférés. C’est vraiment une joie…

C’est la récompense suprême ?

Je ne sais pas. Mais je sais que ça me fait tellement plaisir que parfois je me dis : « mais calme-toi ! ».

Pas du tout lassée, pas du tout blasée par le succès.

Oh, il y a tellement de choses dans ce métier qui sont merveilleuses.

Justement, on va évoquer tout ça. On va reprendre le fil chronologique de l’histoire : en fait alors, ta mère était chanteuse de Big Band, ton père pianiste, je crois qu’il y a pas mal de personnes qui l’ignorent, tu es la sœur du célèbre Taj Mahal. Finalement, le don pour la musique, c’est héréditaire !

Oui, dans la famille, c’est mon frère ainé. Quand on était petits, souvent il débarquait à la maison avec tous ses musiciens et ils jouaient. On faisait des bœufs, on découvrait plein de nouveautés.

Grande famille !

Oui. Sept frères et une sœur. Avec moi, neuf. Ca fait beaucoup.

Alors vous avez toujours baigné dans la musique ?

Oui. Un petit frère batteur/chanteur, une sœur qui est chanteuse-actrice…

Officiellement, tes premiers pas en musique, tu les a fais sous l’aile protectrice, on pourrait presque dire, de ton frère ainé Taj Mahal, dans des séances de chœurs, tout en chantant dans une chorale de gospel. En fait, tu n’as jamais douté que la musique, c’était ton destin ?

Depuis l’âge de 5 ans, j’ai toujours rêvé d’être une chanteuse. En fait, je savais que je voulais chanter dans ma vie et je remercie le bon Dieu tous les jours. Mais je n’aurais jamais imaginé que ça m’aurait amené amenée aussi loin, dans un autre pays merveilleux comme la France, où je parle une autre langue.

Qu’est-ce qui a fait qu’un beau jour de 1979 justement, tu aies décidé de quitter San Francisco pour venir à Paris, avec paraît-il simplement un aller simple ?

C’était sur un coup de tête. On peut dire que c’est la jeunesse, on peut dire plein de choses… mais j’ai eu un ras-le-bol de ma situation. En dehors de la chorale de gospel qui était magnifique, je faisais plein de choses autour musicalement qui ne me plaisaient pas. Je travaillais dans un bureau parce qu’il fallait payer les factures en fin de mois, mais je n’étais pas satisfaite de ma vie. Et c’est vrai que dans un restaurant français très chic où je chantais, j’ai rencontré des Français qui m’ont dit : Ha, il faut que vous alliez en France !

« La belle Hélène » à San Francisco et tu chantais en fait…

Je chantais des standards. Un jour, le patron me dit « Pourquoi pas, vous n’êtes pas si mal que ça, vous avez un peu de talent, vous n’êtes pas méchante, allez voir. Et si ça marche, super. Et sinon, vous n’aurez pas de regret ». Je peux dire que je suis allée découvrir un autre pays et je suis partie comme ça.

Mais tu ne parlais pas un mot de français. Comment tu t’es intégrée ?

Ecoute, j’ai eu énormément de chance aussi.

C’est déterminant la chance aussi, au départ.

C’est une chose dingue, inimaginable. J’ai rencontré le patron du restaurant « La belle Hélène » à l’aéroport, ici en France. Il m’a dit : « Ecoute, j’ai des amis, vous pouvez venir et rester avec nous ». Je suis restée avec eux et puis, ils m’ont trimballée de soirées en soirées. J’ai rencontré des gens qui m’ont demandé de chanter, notamment un monsieur qui m’a proposé de faire un album. Je suis allée au rendez-vous et en effet, j’ai fait un album [NDLR : « Black Orchid »], très nul, qui a peut-être été vendu à dix exemplaires…

Ce n’est pas parce qu’il ne s’est vendu qu’à dix exemplaires qu’il était nul…

C’était mes premiers pas dans le métier ici et j’avais rencontré une fille qui s’appelle Ann Calvet, une américaine qui vit en France depuis l’âge de douze ans. Elle cherchait une fille pour faire des chœurs avec elle et trois mois plus tard, nous avons rencontré Yvonne Jones. Nous avons commencé comme cela. Par le bouche à oreille, les gens ont commencé à parler de nous.

Et c’est comme ça que tu t’es retrouvée finalement sur les albums des plus grandes stars.

Exactement, ça s’est fait comme ainsi. J’ai eu beaucoup de chance. J’étais peut-être dans le bon endroit, au bon moment. Je ne sais pas… Cela a commencé comme ça. Après, on a fait une petite tournée avec Voulzy, après une grande tournée avec Berger… C’était comme une boule de neige.

Tu sais qui a envie de chanter pour toi ?

Qui ?

Chris Isaak

Ah oui !

Bonne affaire pour Chris Isaak puisque finalement, Stanley Kubrick avait décidé, peu de temps hélas avant de disparaître, de récupérer cette chanson « Baby Did A Bad, Bad Thing », écrite et composée il y a pas mal d’années et voilà, elle figure dans la bande originale du nouveau film de Kubrick, « Eyes Wide Shut », film qui sortira le 15 septembre prochain, en France. Ca te plaît ce morceau, je crois, Carole Fredericks ?

Ah oui ça m’a beaucoup plu.

C’est le blues ?

Oui oui oui. La guitare un peu doodle… [rire]

Oui oui c’est ça !

Oui oui j’aime ça.

Carole Fredericks, curieusement, alors que tu accompagnais en concert (on reprend le parcours, le cheminement) toutes les pop stars et les rocks stars françaises, ce n’est pas la musique qui t’a placée en premier dans les lumières, mais le cinéma, grâce à l’un des plus fameux castings director en France, Dominique Besnehard, qui t’avait repérée. Tu peux nous raconter la rencontre ?

Dominique m’avait vue sur scène avec Michel Berger. Après il a essayé de me placer de temps en temps dans des pubs ou dans des films…

En fait, il a eu un déclic en te voyant lors d’un concert !

Voilà, il m’avue sur scène. Et puis un jour il m’a parlé d’un film de Polanski et figurez vous oui, j’ai été choisie et j’ai tourné pendant quatre semaines pour le film « Pirates ».

Tu ne t’es pas arrêtée là. Tu as été repérée par Besnehard. Ca t’a valu un cursus cinématographique impressionnant parce que, effectivement, tu as tourné dans « Pirates » de Polanski, mais dans « Je vous aime » de Claude Berri avec Catherine Deneuve, « I love You » de Marco Ferreri, « Roselyne et les lions » de Jean-Jacques Beineix, « Les frères Pétard » également…

« Les frère Pétard », « Les deux crocodiles »…

Une vraie carrière cinématographique…

Carrière cinématographique, je ne sais pas…

Avec un éventail large…

Oui c’est vrai, j’avais tapé assez fort avec des grands metteurs en scène, sans savoir pourquoi. Je suis très contente. C’est une expérience qui m’enrichie toujours.

Quel est ton meilleur souvenir sur un plateau de cinéma ?

[Carole hésite] Je pense que c’est « Roselyne et les lions » parce que j’étais obligée de rentrer dans la cage avec les lionnes. Il y en avait 6 ou 8 et pendant une semaine, pendant 5 à 10 minutes par jour, il fallait rentrer dans cette cage pour voir si l’odeur que je dégage ne les dérangeait pas.

C’était pour avoir le temps de se familiariser à toi…

C’était un défi pour moi parce que j’avais peur [rire]. J’avais vraiment franchement peur. Je suis rentrée là-dedans, je suis montée sur une espèce de tabouret et elles étaient tout autour de moi. Ca, c’était quelque chose.

Finalement, tu penses qu’en restant aux Etats-Unis, tu ne te serais pas exprimée aussi pleinement ?

Je ne peux pas dire ça parce que je ne suis pas restée. Mais je sais que je n’ai aucun regret d’être partie, parce que je parle français maintenant. Parfois je fais des fautes, mais quand même je parle français. Quand j’étais au lycée, j’ai appris l’espagnol et j’étais nulle. Mon professeur m’avait dit : « Vous n’avez aucune aptitude pour apprendre la langue ». Et là je dis « Pfff…» à elle [rire] quand même, je m’exprime en français. Et je chante…

On va parler d’une après-midi, à mon avis, que tu n’oublieras jamais Carole Fredericks. C’est un après-midi de 1986… Le téléphone sonne…

Oui…

Le téléphone sonne, la Diva est là, elle est chez elle, elle décroche, et au bout du fil, Jean-Jacques Goldman, qui t’annonce qu’il souhaite carrément t’enlever pour sa prochaine tournée. C’est la plus belle rencontre de ta carrière ?

Oh oui ! Musicalement et pour plein de raisons. D’abord j’étais tellement étonnée que ce soit lui qui m’appelle. Je n’arrêtais pas de rire. Il me disait : « mais pourquoi tu ris ? ». Je lui disais : « mais parce que c’est toi qui m’appelles. Ce n’est pas un manager ou quelqu’un de la maison de disque ». C’est vrai que c’est l’une de mes rencontres musicales les plus fortes de ma carrière en France. C’est même sûr et certain. C’était une admiration musicale et après qui est devenu une admiration musicale et amitié. Ce sont des choses qui sont merveilleuses. C’est vraiment une chose qui m’a vraiment marquée et c’est grâce à lui que les gens ont mis un visage sur un nom. Je ne peux pas dire autrement. Je ne suis pas objective vis-à-vis de lui non plus ! [rire]

Il s’est emparé de toi ; il t’a enlevée donc, dans un premier temps, pour une tournée, mais finalement, qu’est-ce qui fait selon toi que ça va aboutir quatre ans plus tard au trio Fredericks, Goldman and Jones ? Vous avez vraiment constitué une famille musicale…

Tu vois, je n’étais jamais derrière. J’étais toujours devant et il m’a encore plus poussée devant. A l’époque du premier album de Fredericks Goldman Jones, il m’avait que quand il écrivait les chansons, il entendait nos trois voix dans sa tête. Donc moi je ne me bats pas contre ça. C’était très simple. Il m’avait dit qu’on était toujours en concubinage et qu’on est tellement bien qu’il a juste régularisé les choses.

Jolie formule… Dis-moi Carole, Goldman, au quotidien, il ressemble tout à fait à ce qu’on imagine de lui ?

Je ne parle pas beaucoup de lui, sur ce qu’il fait quand il n’est pas sur scène, mais c’est quelqu’un de très gentil, de très honnête, de très net…

… de limpide, de direct ?

De direct. Il sait ce qu’il veut, très sincère et très juste.

86, ça, on en a parlé, tu n’oublieras pas. Mais 91, c’est l’année de tous les succès. L’album « Fredericks Goldman Jones » sort en décembre, devient disque de diamant et génère une tournée mondiale. Quel pays vous a réservé l’accueil le plus émouvant ?

A Bali car on a chanté dans un temple. Je me souviens que le matériel n’était pas comme il faut, mais comme par miracle, tout était bien. C’était magique, vraiment magique.

On va repartir en musique, Carole, accompagnées de Nathalie Cardone.

[Nathalie Cardone : « Mon ange »]

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Carole, dis-moi, faire partie d’un trio aussi encensé et adulé que Fredericks-Goldman-Jones, cela a dû complètement bouleverser ta vie…

Cela a changé plein de choses, c’est vrai…

Pratiquement tout ?

Pas pratiquement tout mais c’est vrai que ça change parce que autour de soi, il y a les gens qui changent en bien ou en mal. Il faut gérer plein de choses. Mais en gros, c’était merveilleux. Comme j’avais, déjà, des vrais amis, des vrais de vrais, je n’étais pas complètement déstabilisée, mais c’est vrai que tout d’un coup, ça prend une ampleur et tu te dis mais attends, qu’est-ce qui se passe ? [rire]

Et les amis d’hier sont restés les amis d’aujourd’hui…

Oui…

Le directeur de la « Belle Hélène » qui a quand même joué les anges gardiens pour toi. Il t’a montré du doigt la France, en disant qu’il fallait absolument aller tenter ta chance là-bas, et que tu le retrouves complètement miraculeusement ici à Paris quand tu as débarqué et qu’il t’a indiqué des adresses… Il est au courant de tout ce qui t’es arrivé depuis ?

Oui. Et il est très fier. Et justement, on s’est revus il y a peut-être un an et demi. Il était revenu pour Noël et c’était très très bien. On était très contents. On reste en contact et je lui envoie tout ce que je fais. Il est très fier.

Pendant 4 ans, tu as enchainé, au nom de Fredericks Goldman Jones, des albums de platine et de diamant…

Jamais moins…

Et Goldman, travaillant pour Céline Dion, tu t’es mise à chanter évidemment sur ses albums. Alors en fait, Goldman t’a invité invitée à participer à toutes ses aventures musicales…

Presque toutes, c’est comme ça. Je fais partie de la famille avec Michaël Jones, Gildas Arzel, Erick Benzi, Jacques Veneruso et Yvonne Jones. Donc quand il y a des projets, souvent nous sommes dessus.

C’est la famille…

Oui…

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Carole, quel a été le déclic, il y a 4 ans je crois, qui t’a poussée à faire l’école buissonnière en quelque sorte, et à préparer ton premier album solo ?

Déclic, je ne sais pas. Pendant beaucoup d’années, il y avait des fans qui me demandaient : « Ah, mais quand est-ce que tu vas faire un petit disque toute seule, un petit gospel et Blues pour nous ? » J’ai dit : « Bon, je ne suis pas encore prête [rire], je suis bien, je suis en train de vivre mon aventure avec Jean-Jacques et Michaël. Ce n’était pas vraiment calculé, mais la progression logique des choses et à un moment, ce fut le bon. On a dit « on va se lancer, pour voir ». Et donc on s’est lancés et voilà [rire].

Et alors dans la foulée de ce premier album solo, tu as constitué ton propre groupe : les Dragons ?

Oui, j’avais envie de faire cela avec des musiciens qui n’étaient pas connus, parce qu’on a des musiciens partout en France qui sont formidables. Donc on a fait des auditions. C’était un peu difficile parce que normalement, il y avait des gens qui faisaient cela pour moi mais bon… j’ai dû prendre plus de responsabilité. J’ai choisi un groupe de musiciens qui sont adorables, très efficaces et avec beaucoup de talent. On s’éclate beaucoup. Et je les ai appelés « Mes Dragons ». Et j’ai deux anges qui font les chœurs.

Et les deux anges sont…

Et les deux anges, Yvonne Jones, avec qui je bosse depuis que je suis en France, et Maria Popkiewicz, qui est une grande voix et qui est en France depuis longtemps. Des filles qui sont formidables…

En fait, avec ton groupe « Les Dragons », tu as abordé la scène d’une manière un peu plus intimiste, que la façon dont tu vivais la scène en compagnie de Goldman et Michaël Jones ?

Je monte sur scène avec mes gars et je chante. Et on s’éclate. On fait tout pour faire ça. Il n’y a pas de choses autour, je n’ai pas d’effets spéciaux. J’essaie d’être un effet spécial moi-même [rire de Carole et Karen]

Et tu l’es ! Dis-moi, avec ce groupe en fait, la musique que tu défends sur scène, c’est un retour à tes racines ? C’est le blues, la soul ?

C’est la soul, le gospel, le rythm & blues. Mais maintenant, j’interprète « Qu’est-ce qui t’amène », parce qu’il faut, mais les gens sont très ravis d’écouter en Français à nouveau et moi aussi. [rire de Karen]

Tu as fait ta route, mais tu as cheminé en parallèle avec celle de Goldman, puisque vous vous retrouvez très régulièrement pour des enregistrements. Pourtant, l’album qui est sorti au printemps reflète à présent très exactement tes envies. Tu pourrais nous parler de deux personnes nouvelles qui sont Jacques Veneruso et Christophe Battaglia ? Deux nouveaux venus dans la tribu, la famille de Carole Fredericks.

Jacques était là depuis longtemps puisqu’il a participé au précédent album, et c’est lui qui a écrit la musique pour « Personne ne saurait ». C’est un petit tube que j’avais fait l’été dernier avec « Les Poetic Lover ». Et Christophe, c’est vraiment le petit dernier, le petit nouveau, qui s’est marié la semaine dernière [rire] C’est mignon !

Tous nos vœux de bonheur…

Christophe, c’est le programmateur parce que je voulais faire ce nouvel album avec un éventail un peu plus large. Etre un peu plus blues, soul, pop, variété, avec un peu de rap, des choses comme ça, mais taillés taillé (je pense qu’on parle de l’album ?) pour Carole. Et je me suis dit : on va faire cela avec un programmateur, mais pas avec n’importe lequel parce que j’étais toujours contre. Mais il est très très fort…

Tu étais contre un programmateur. Pour quelle raison ?

Je me disais que ce n’était pas des vrais instruments, et c’est vrai. Je voulais des instruments, mais il m’a bien convaincu convaincue qu’on peut mélanger les deux et que ça se marie très bien. Voilà, ce sont les deux nouveaux. Mais Jacques, ce n’est pas vraiment un nouveau parce qu’il était de l’ex-groupe « Canada », c’était le chef d’orchestre de Florent Pagny, il a écrit pour beaucoup d’interprètes. Jacques, c’est quelqu’un que j’apprécie énormément, et Christophe aussi, parce qu’on communique très bien entre nous, c’est très important. J’avais l’espace pour donner mes idées et pour voir les gens qui m’écoutent et vice versa. Et c’était très bien. C’est très agréable de travailler avec des gens qui d’abord, à la base, il y a de l’admiration, du talent, et il y a cette forme de communication qui est très importante pour moi.

On va retrouver un des petits bijoux de la pop des années 80. Si je te parle de James Ingram et Michaël McDonald…

Ha oui ! « Ya mo B there »…

On fait les chœurs ? [rire de Carole et Karen]

Oui !

[James Ingram et Michaël McDonald : « Ya mo B there »]

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Je suis drôlement gâtée puisque Carole Fredericks est mon invitée. L’album « Couleurs et parfums »… Couleurs… si je pouvais faire une description de la tenue : c’est technicolor… [rire de Carole] La robe est d’un jaune fluorescent explosif, saupoudrée de pâquerettes et de marguerites, il y a profusion de bijoux, colliers d’ambre, des bracelets… Il doit y en avoir une bonne quinzaine à chaque poignet, des bagues à chaque doigt, les tresses bleues, comme la couleur d’ailleurs des ongles… « Voilà, cette femme est en technicolor ». Je vous avais dit que c’était une vraie Diva [rire de Carole]. L’album donc « Couleurs et parfums » est sorti le 5 mai. Carole Fredericks, est-ce qu’une version anglaise est envisageable ?

Pour le moment, on n’y a pas pensé parce que j’avais tellement envie de chanter en Français cette fois-ci. On n’est pas contre pour le moment. J’aimerais bien voir ce que cela fait, version française, en France et dans les pays francophones. Mais bon, je ne suis pas contre.

Tu n’as pas furieusement envie de chanter cet album, qui bien évidemment en ce moment est tout ce que tu as envie de nous livrer, dans ta langue maternelle ? Ce n’est pas quelque chose qui pour toi est un impératif ?

Non. C’est exactement comme les gens qui me demandent si je veux faire une grande carrière aux Etats-Unis. Je dis que j’habite ici, c’est ici que j’ai été bien accueillie, où j’ai eu mes grands succès, etc. Je ne veux pas dire non à quelque chose qui serait bien fait pour les Etats-Unis, mais ce n’est pas mon but. C’est la France…

Si je tente la question suivante : qu’est-ce qui manque dans le puzzle de ta vie pour que ton bonheur soit entier, parfait, absolu ?

Oh ben c’est très facile ! [rire]

Donc on zappe…

On zappe !

On dit que tu es très croyante. Qu’entre musique et éclats de rire, tu ne cesses de prier…

Pas autant que cela mais je prie beaucoup…

Tu es épiscopalienne c’est ça ?

Episcopalienne. C’est drôle à dire mais oui [rire] épis-co-pa-lienne.

Et souvent le dimanche, si on a envie de te croiser, et bien à l’église américaine de Paris, quai d’Orsay, c’est possible…

Oui…

C’est un rendez-vous hebdomadaire, incontournable…

Ca dépend des moments. J’ai envie, j’y vais.

C’est très important…

Oui, c’est très important pour moi et c’est très personnel aussi parce que je ne suis pas là à dire : il faut y croire comme moi. Je suis croyante et ça me guide bien.

Bon alors si maintenant, je te propose le septième ciel, c’est en phase.

Ah ben, oui.

[Jane Fostin - « Septième ciel »]

Carole Fredericks, dis moi, quels sont les endroits à Paris où tu aimes aller écouter de la musique ?

J’aime beaucoup aller voir des spectacles à l’Olympia. Je trouve que c’est une salle mythique et magique.

Des salles de jazz… Genre New Morning…

Le New Morning de temps en temps…

Le Duc des Lombards…

Il y a de l’ambiance dans le New Morning aussi, c’est vrai…

Et sinon les grands concerts ?

Les grands concerts heu… Bercy. Mais je n’aime pas les immenses stades parce que j’ai l’impression que les personnes que je vois sont tellement petites…

Alors par exemple le Stade de France, pour toi, c’est un exercice de style qui ne te tente pas.

Je n’aime pas. C’est tellement immense… On regarde les écrans… Mais il y a des gens qui adorent ça. Mais moi j’aime les salles intimes.

Tu vis en France depuis 20 ans. Qu’est-ce qui en fait en toi est demeuré définitivement américain et au contraire, qu’est-ce que tu penses avoir abandonné à notre culture ?

Hollola… ça je ne peux pas expliquer…

Par exemple, la cuisine qui vient de Caroline du sud. Tu es une cuisinière, c’est ça ?

Une cuisinière, je ne sais pas [rire]. Maman m’a appris à cuisiner à partir de l’âge de 9 ans et c’est vrai que j’aime beaucoup cuisiner les choses assez épicées, relevées bien comme il faut. Mais aussi en France, j’ai appris des bonnes choses aussi. Je fais une super mousse au chocolat, un poulet farci à l’ail, ciboulette et vin blanc…

Tu trouves les français, les Frenchies, définitivement très différents des Américains ?

Heu… Oui. Oui et non. Mais bon, moi j’ai l’habitude maintenant ! [rire]

Nos qualités et défauts…

On a tous des qualités et des défauts. C’est la différence qui est intéressante aussi…

Se retrouver sur un album avec ton frère ainé dont on a parlé tout à l’heure au début de cette émission, Taj Mahal, est-ce que c’est du domaine de l’envisageable ?

Déjà, sur mon précédent album, il est venu chanter en deuxième voix, il a joué derrière moi les chœurs et c’est vrai qu’on était tous impressionnés comme des gamins [rire] devant lui. Mais oui j’aimerais bien. Ca ferait super bien. En tout cas, il est très fier de moi parce qu’à chaque fois qu’il vient, tout le monde dit : « Ah, vous êtes le frère de Carole Fredericks ! ». Je dis « Ah ! » [rire]

Dis-moi Carole, pour se façonner la meilleure discothèque de l’été, est-ce que tu aurais des recommandations à nous faire comme ça, des albums par exemple que tu écoutes en boucle en ce moment ?

J’écoute beaucoup Mary J Blige, Kelly Price, Faith Evans, Lauryn Hill, le best of des Eagles, le best of d’Eurythmics [rire] et l’album de Lââm qui est très bien.

Et bien nous, on écoutera en boucle « Couleurs et parfums ». Merci infiniment Carole Fredericks…

Je vous en prie. Merci beaucoup.