- Interview Shine - Carole Fredericks
- 13 avril 2000
- Jean-Michel Royer
A l’occasion de l’ouverture de Shine, Carole Fredericks a bien voulu accepter l’invitation de son webmaster. Première rencontre avec l’artiste et première interview pour l’intervieweur...
Bonjour Carole !
Bonjour !
Tout d’abord merci d’avoir accepté l’invitation de Shine, un site internet que je t’ai consacré, afin de partager ma passion pour ta voix avec les autres internautes. Que penses-tu de cette initiative et d’internet ?
Je suis allée surfer sur le web et j’ai vu ton site, je le trouve vraiment, vraiment bien fait, complet. J’ai été étonnée de voir à quel point vous avez fouillé pour trouver des choses que même moi j’avais oubliées ! (rires). Mais vraiment c’est complet, bien fait, bien «balaise».
Si tu le veux bien, nous allons revenir sur quelques moments importants de ta carrière de soliste.
Ok.
Avant d’entamer une carrière de soliste en 1996, tu as eu l’occasion de rencontrer plusieurs fois Céline Dion et même de participer à l’enregistrement des deux albums que Jean-Jacques Goldman lui a écrit. Que penses-tu de sa voix, d’une part, et Céline t’a-t-elle parlé de tes talents vocaux ?
Beaucoup de questions à la fois ! (rires). Céline est une chanteuse qui m’épate depuis très longtemps, même avant sa collaboration avec Jean-Jacques. J’adore sa voix. Techniquement, au niveau du feeling, de ce qui sort d’elle, elle m’épate ! Sur scène c’est… pffffiuuuut ! J’adore sa voix, et depuis toujours. Maintenant, tout le monde parle de Céline Dion, mais jel’appréciais bien avant cela, parce que les deux voix francophones qui m’ont toujours frappée, ce sont les voix de Céline Dion et de Maurane. Et non elle ne m’a pas tout à fait dit « C’est bien ce que tu fais », mais j’ai participé à ses deux albums, et même avant cela j’avais eu l’occasion de chanter en duo « Knock on wood » avec elle, et ça c’était un super moment pour moi, on s’est éclatées, et elle m’avait dit que c’était bien...
On peut lire aussi sur ta biographie que tu as été choriste pour Elton John et Eric Clapton pour leur duo. Comment t’ont-ils connue, et comment s’est passée la rencontre avec ces deux superstars ?
C’était à l’époque des Eurythmics. J’avais une copine, Janiece Jamison qui était choriste pour eux… enfin choriste… c’est peu dire parce qu’elle faisait vraiment une deuxième voix avec Annie Lennox, et souvent je suis allée la voir, et j’ai rencontré Dave Stewart, Annie, et les autres musiciens. Dave a fait plusieurs séances en Angleterre et ici, auxquelles j’ai participé avec Janiece. Le batteur d’Eurythmics avait lui travaillé avec Elton et Eric, et comme ils cherchaient des filles, il leur a dit : « C’est pas la peine de chercher en Angleterre, je connais deux filles ici, qui sûrement en connaissent une troisième… », et ils nous ont appelées Janiece et moi, Beckie Bell nous a rejointes, et c’est comme ça que ça s’est fait, vraiment par hasard, grâce à de petits fils conducteurs qui partaient de Dave Stewart.
Tu fais de moins en moins de chœurs pour les autres depuis le début de ta carrière solo en 96… est-ce un choix de ta part ?
Pas du tout. Malheureusement, ici, dans ce métier, dès que tu commences à monter, à être sur le devant de la scène, les gens pensent que tu ne veux plus faire de chœurs. Alors que je ne me suis jamais arrêtée de faire des chœurs, je n’ai même jamais augmenté mon tarif, c’est toujours le même. Et c’est drôle parce que depuis quelques mois je refais des chœurs J’en avais fait sur l’album Sang pour sang de Johnny, avec une chanteuse qui s’appelle Tilley Kay, la semaine dernière j’étais avec Didier Barbelivien… Les gens recommencent à m’appeler, parce que je n’arrêtais pas de leur dire que je faisais toujours des chœurs, et que ça me faisait très plaisir d’en faire.
En 1996 sort ton premier album en solo, « Springfield », sur lequel on retrouve tes compagnons de tournée à la réalisation et à la composition, à savoir les ex-Canada : Erick Benzi, Jacques Vénéruzo, Gildas Arzel. Est-ce toi qui leur a demandé un coup de main, ou eux qui t’ont proposé leurs services ?
Ils font partie de la famille, donc il était évident pour nous de faire cet album ensemble. Ils s’y sont impliqués, tout comme Jean-Jacques et Yvonne Jones, avec laquelle je travaille depuis que je suis en France. Michael, lui, était en plein travail sur son propre album, c’est pour ça que je ne l’ai pas eu sur « Springfield », mais je l’ai eu pour mon deuxième (rires). Il fait aussi partie de la famille. Ils composent bien, et je préfère travailler avec des gens en qui j’ai confiance, avec lesquels j’ai l’habitude de travailler, qui sont capables de comprendre quel esprit je veux mettre dans une chanson. Et donc ils ont bien capté le côté blues et gospel « made in France » (rires)
Que penses-tu de leur travail pour les autres artistes ?
Ce sont tous des hommes très doués, avec beaucoup de talent, et c’est pour ça qu’ils travaillent avec de plus en plus d’artistes.
Y a-t-il une chanson qui te marque ?
J’adore les chansons d’Erick (Benzi) pour Anggun. D’abord j’aime beaucoup la voix et la personnalité de cette dernière. Gildas, j’adore ce qu’il fait, j’adore sa voix, il a vraiment cette voix cassée de rocker, bluesman, un whisky en trop (rires). Jacques a fait de super choses, pour moi comme pour les autres.
Il travaille avec Ishtar…
Justement, je fais des chœurs pour Alabina la semaine prochaine.
Sur l’album on trouve un inconnu : Christophe Satterflied, compositeur de « No Rain ». Est-ce un ami de ton frère Taj Mahal ?
Non, c’est un musicien avec lequel j’ai bossé pendant un certain temps. Je lui ai demandé une chanson, et il m’a écrit celle-là, et j’ai tout de suite pensé que ça collerait bien. Maintenant on ne travaille plus ensemble, mais c’est quelqu’un de très talentueux.
Springfield ne connaît pas franchement le succès qu’on pouvait escompter, même si « Runaway Love », qui a servi de thème au film « Une chance pour 2 », de Patrice Leconte, a été plus diffusée. Sais-tu comment ce titre a été choisi, et en es-tu honorée ?
Oh oui, Patrice cherchait une chanson, tout le reste du film étant servi par une musique instrumentale. Il avait l’idée d’une chanson du style « Betty Davis’ eyes », quelque chose de ce genre, mais il ne savait pas vraiment où trouver une telle chanson, alors il a écouté plein de choses. Et sa monteuse lui a dit d’écouter mon disque en lui disant qu’il y trouverait ce qu’il voudrait. Il a donc écouté « Runaway Love » et a dit « C’est ça ! ». Et voilà, j’étais très flattée, d’autant plus que je ne suis pas seulement l’interprète du titre, mais aussi l’auteur. J’étais donc très fière de cela. Mais c’était par hasard ! Plein de choses m’arrivent par hasard. Mais ce sont des bons hasards !
L’année dernière sortait « Couleurs et parfums », un album en français contenant huit chansons originales, trois reprises et trois duos, le tout réalisé par Jacques Veneruso et Christophe Battaglia. Comment s’est passé l’enregistrement et le choix des chansons ?
Pour le choix des chansons, les gens qui savent que je cherche des chansons enregistrent des maquettes, me les font écouter, et pour moi c’est clair et net, tout de suite j’aime ou je n’aime pas. J’ai expressément demandé des chansons à Michael, à Jay-Jay, à Yvonne Jones… Jacques m’a aussi filé plein de chansons à l’époque de « Personne ne saurait ». Beaucoup de gens m’ont fait écouter des chansons, mais… J’ai donc choisi les chansons qui m’avaient tout de suite fait vibrer.
Parmi les reprises de l’album, on retrouve « J’ai le sang blues », anciennement « BLUES », de Nanette Workman, une rockeuse canadienne. As-tu entendu la version de Nanette avant d’enregistrer la tienne ?
Non, non, je ne l’ai pas entendue. Je ne l’ai écoutée qu’après, parce que je ne voulais pas être influencée par la façon dont elle l’avait faite, d’autant plus que j’adore « BLUES ». Je me suis dit : « Fais ta version , et après tu écoutes l’autre ! ». C’est Jacques qui m’a proposé de la reprendre, à partir d’une maquette qu’il avait faite et sur laquelle il chantait très bien. Alors j’ai dit ok. Je voulais faire un morceau de rap, et on trouvait le mélange du rap, du blues et de la guitare vraiment très bien, alors voilà, ça a bien fonctionné.
Dernièrement, à la télé ou sur scène lors de tes concerts à l’Auditorium Saint-Germain en décembre, tu as souvent interprété « Savoir aimer » avec Allan Théo, et tu as l’air d’apprécier cette chanson écrite par Lionel Florence. N’as tu pas été tentée par une collaboration avec ce dernier sur « Couleurs et parfums » ?
Non. C’est vrai « Savoir aimer », j’adore cette chanson, j’adore le texte ; de toute façon j’adore les chansons d’amour. J’adore la façon dont Florent [Pagny] a interprété cette chanson, et j’étais très contente de la faire avec Allan Théo, parce que même si nous avons deux voix complètement différentes, elles se marient très bien. Donc si Lionel Florence me propose quelque chose pourquoi pas, mais là, je n’y ai pas pensé.
A l’Auditorium on a pu voir le discret mais néanmoins génie de la guitare Gildas Arzel, compositeur de quatre titres sur Springfield, dont « Runaway Love », venir jouer un solo de guitare sur ce titre. Peux-tu nous le présenter ?
Je ne savais même pas qu’il était là. Il est monté sur scène de lui-même, comme ça, il a fait son solo et après il est parti (rires).
Parmi les guests de l’Auditorium, entre Goldman, Jones, Arzel, Pelletier, Faudel, lequel t’a le plus marqué et impressionné ?
Oh c’est difficile à dire ! Il y a aussi Carry des Poetic Lovers qui a chanté avec moi. J’étais tellement ravie d’avoir cette belle brochette de chanteurs qui voulaient venir, se déplacer pour chanter avec moi et tous interpréter des chansons différemment, c’est difficile de choisir… Jean-Jacques et Michael, je me suis retrouvée avec mes chéris, donc c’est toujours bien avec eux.
Mais j’ai été fortement touchée par Faudel, par Bruno Pelletier, parce que qu’il dise qu’il voulait chanter avec moi, c’était dingue ! Mais « Knock on wood » façon maghrébine avec Faudel c’était très très très bien, « Personne ne saurait » avec Bruno, j’étais sur un nuage, tout comme avec Carrie d’ailleurs. Il y avait aussi « Kai Djallema », avec Nicole Amovin, qui est ma petite sœur de lait, et c’est une chanson qu’on chante ensemble depuis des années, et faire ça sur scène, c’était génial ! Mais c’est difficile, parce que je me suis éclatée avec tous, en privilégier un seul serait donc difficile… Entre Faudel, Bruno et Alan tous les soirs, j’ai été gâtée ! C’est comme si l’on m’avait offert une boîte de très bons chocolats, parmi lesquels vous me demanderiez de choisir … Tous sont excellents ! !
As-tu des rêves, des projets, que tu aimerais voir se concrétiser bientôt ?
Oh oui, j’ai beaucoup de rêves ! Je rêve d’avoir vraiment un public qui me suive, qui veuille venir me voir, parce que c’est très important pour moi d’avoir ce public quand je suis sur scène. Sur scène, c’est là que je vis le plus. J’aimerais bien être ce genre d’artiste qui a un public qui le/la suit, qui se déplace pour le/la voir. Ce serait un immense rêve pour moi !
Et des projets de duos ?
Il y a toujours des projets de duos, il y a un disque qui est sorti récemment pour aider les enfants, j’y ai chanté en duo avec Lââm, une jeune artiste pleine de talent que j’apprécie énormément ! ! Et ça m’a fait vraiment plaisir. J’ai rencontré récemment une autre chanteuse qui s’appelle Nourith, j’aimerais bien faire quelque chose avec elle… J’adore en fait chanter avec les autres !