- Interview Shine - Joëlle Esso
- En plein jardin des Tuileries, Joëlle Esso (l'une des choristes de la dernière tournée de Carole Fredericks) nous a accordé une interview pour évoquer leur amitié et leurs collaborations.
- 5 avril 2011
- Jean-Michel Royer
- Sabine Coffy, David Quint, Maxime Authier

Yvonne Jones, Carole Fredericks et Joëlle Esso - 2000, Collection Joëlle Esso
Peux-tu présenter ton parcours aux lecteurs de « Shine » ?
Je viens du dessin, je suis dessinatrice maquettiste. J’ai étudié dans une école de dessin puis fait Histoire de l’art en faculté. Par des rencontres totalement dues au hasard, je me suis retrouvée à faire de la musique. J’ai commencé à chanter à l’âge de 20 ans, sans n’avoir jamais chanté auparavant. Je ne suis pas comme les gens qui chantent depuis leur enfance dans leur salle de bain ! Je suis choriste professionnelle depuis 1988, donc 23 ans maintenant. J’ai publié deux albums. Je suis donc illustratrice et chanteuse.
Comment es-tu rentrée dans la chorale des Chérubins de Sarcelles ?
C’est une amie danseuse qui m’en avait parlé. Elle m’avait demandé de l’accompagner pour voir. Cela m’a plu et je suis restée. J’y ai passé 15 ans.
Avant, tu avais fait le cours Simon. Est-ce que tu as suivi des cours de chant au cours Simon ou est-ce à la chorale, au fur et à mesure, que tu as…
Au cours Simon, c’était des cours de comédie, de théâtre. La formation de chant s’est vraiment faite en chorale.
Que penses-tu du travail de la chorale « The Lafayette Inspirational Ensemble » avec qui Carole a collaboré pour l’album « Springfield », qui a la particularité de mélanger autant de voix blanches que de voix noires ?
C’est magnifique, il n’y a rien à dire. De toute façon, le talent n’a pas de couleur : qu’est-ce que cela peut faire que ce soit des voix noires et des voix blanches ? (Rires.)
Ce que je voulais dire, c’est que d’après ce que j’ai lu à leur sujet sur internet, à chaque fois on est étonné de ce mélange si particulier.
Je ne sais pas. Comme j’ai chanté avec toute sorte de personnes, cela ne me parait pas étrange.
Comme s’il y avait un a priori : des gens qui savaient mieux chanter que d’autres, enfin, d’une couleur à la voix.
Je ne comprends pas trop cela. C’est vrai qu’on l’entend.
C’est peut-être français de penser ainsi…
Peut-être, mais du fait d’avoir beaucoup accompagné de gens différents, cela ne me parait pas une incongruité.
C’est un peu comme le leitmotiv de Carole : « peu importe qui tu es, à partir du moment où tu as du talent ».
De toute façon, cela sonne bien sur le disque : c’est l’essentiel ! D’ailleurs, je suis sur la pochette de l’album « Springfield ». Je n’ai pas chanté dessus, mais je suis sur la photo ! (Rires.)
Peux-tu nous raconter ta première rencontre avec Carole ? Il me semble que c’est pendant « Les Enfoirés » au moment de son interprétation de « Oh Happy Day ! » avec Florent Pagny ?
Oui, je crois que c’est « Les Enfoirés » En fait, c’est lors de son duo avec Florent Pagny, parce qu’on a fait des chœurs sur son disque « Bienvenue chez moi ». C’est là qu’ils ont enregistré ce duo et c’était notre première rencontre.
Ils ont profité des « Enfoirés » pour le refaire ?
C’était effectivement avec « Les Chérubins ». On avait fait les voix sur le titre « Bienvenue chez moi ». C’est là que je l’ai rencontrée pour la première fois.
Et là, tu en as profité pour discuter avec Carole ?
On a sympathisé. Je ne sais comment je pourrais définir cela… c’est un coup de foudre amical.
Cela s’est fait naturellement !
Cela m’arrive souvent, j’ai des feelings avec les gens et on ne se pose pas de questions. On n’a pas travaillé ensemble tout de suite après, mais quelques années plus tard. On était restée en contacts sporadiques, on se croisait parfois sur des plateaux télé ou sur des évènements. Une fois, c’était à Roland Garros pour participer à une émission télévisée. On se croisait comme cela, de temps en temps, tout naturellement. Carole était une personne très ouverte et très sociable qui avait des rapports sains et normaux avec tout le monde.
Comment as-tu été amenée à travailler sur la tournée de Carole ?
Je pense que c’était après, quand on a fait la session photo pour son album « Springfield ». Elle m’a demandé mon numéro de téléphone et on a commencé à se rapprocher. Un jour, Carole m’a appelée et m’a demandé si cela m’intéresserait de faire des remplacements quand une de ses choristes avait d’autres engagements. C’est bien d’avoir la même personne qui remplace. J’ai toujours fait beaucoup de remplacements parce que j’aime bien apprendre de nouvelles choses et rencontrer de nouvelles personnes en permanence. De plus, c’est une artiste que j’appréciais bien, donc cela me faisait plaisir aussi de participer à son aventure solo.
Puis un jour, Carole m’a annoncé qu’une choriste partait et m’a demandé si je voulais prendre la place vacante. J’ai dit : « bien sûr, volontiers ! » Elle m’a répondu : « Mais ce n’est pas obligé, tu aurais pu ne pas avoir envie ! », « Si, si, j’ai envie ! ». C’est donc comme ça que j’ai intégré son équipe.
Comment se passe le travail d’avant concert ? Il y a les répétitions ?
Je suis arrivée dans une équipe qui était déjà constituée. Eux, ils avaient déjà le répertoire très fluide. Comme j’ai l’habitude de faire des remplacements, j’apprends très vite et je l’ai travaillé seule. Au premier concert que j’ai fait avec les autres musiciens, on s’est vu à la balance. C’était pour sa formule variété, mais pour sa formule gospel, j’ai participé à des répétitions collectives. Les répétitions se faisaient d’une autre manière. C’était une formule vraiment minimaliste avec juste un pianiste et trois choristes, nous étions cinq sur scène avec Carole. On travaillait d’abord les voix pour bien caler les harmonies, pour trouver un son ensemble. Quelquefois, on peut chanter bien et les voix ne collent pas ensemble. C’est la faute de personne, c’est ainsi. Là, c’était bien, parce qu’en plus, c’était avec Yvonne. Yvonne et Carole se connaissaient depuis des centaines d’années… (Rires.)
Elles travaillaient ensemble depuis tellement longtemps qu’elles n’avaient même pas besoin de (communiquer)…
De toute façon, il y avait déjà une alchimie et cela a fait une bonne ambiance de travail : pas de prise de tête, pas de jugement.
J’ai l’impression qu’il y avait un esprit famille, que chacun peut apprendre de l’autre.
Vraiment familiale comme ambiance, Carole m’a vraiment accueillie comme une grande sœur. Elle était un peu « mère poule », protectrice, mais ça ne me déplaisait pas. Quelques fois, on faisait des répétitions de voix chez elle, à la maison, en se disant que c’était plus sympa devant une tasse de thé, des petits biscuits !
J’ai lu dans une interview que tu as donnée à afroplurielles.com que Carole t’avait lancé un soir, un quart d’heure avant le concert : « Ce soir tu vas chanter en solo »
Oui, parce qu’elle trouvait que j’étais timide. Elle me disait : « Mais pourquoi tu ne chantes pas ? Prends le pouvoir ! », mais ça ne me disait pas grand-chose. Elle insistait : « Ce soir, tu vas chanter et tu vas faire un solo ». Tout le monde avait un solo et je n’en voulais pas ! De toute façon, je m’étais dit que je ne chanterais pas, car je ne savais pas ce que je voulais chanter ! Auparavant, elle me jetait un œil pour voir si j’étais d’accord ou pas, puis elle laissait tomber. Ce jour-là, elle m’a présenté, puis elle est allée s’asseoir au fond de la scène, à côté du batteur en disant : « On l’attend. Elle va faire son solo ! » (Rires.) Je n’avais pas le choix, parce qu’évidemment le public et les musiciens attendaient. J’étais mise devant le fait accompli.
Qu’as-tu chanté comme chanson ?
Je crois que c’était du gospel. Je ne sais plus. J’ai dû improviser quelque chose. Je crois que les musiciens ont dû commencer à jouer quelque chose comme « Papa was a Rolling Stone » ou un titre similaire.
Un coup monté…
Oui. Elle me disait : « Tu te mets en retrait, allez, vas-y »
Visiblement, Carole n’a pas laissé indifférente les artistes avec lesquels elle collaborait parce qu’ils la mettaient toujours d’une façon ou d’une autre sur le devant de la scène.
C’est ce qu’elle m’a dit : « je veux aussi être une passeuse parce que Jean-Jacques m’avait donné la chance »…
Ou même Mylène Farmer pendant la tournée en 1989.
Oui, c’est cela. J’ai fait mon petit solo et elle m’a dit : « Tu l’as fait ! Alors ? » J’ai eu quelques sueurs froides, mais ça s’est bien passé ! Après, à chaque concert, il fallait que je fasse un solo comme tous les musiciens et les choristes.
Du coup, cela t’a motivé pour faire tes propres albums ?
Voilà ! Cela me convenait. J’estime que choriste est un vrai métier, ce n’est pas un passe-temps que l’on fait en attendant de pouvoir chanter en soliste. Cela me suffisait. Après, je me dis que pour chanter en solo, il faut aussi avoir des choses à dire. Ce n’est pas juste histoire de vouloir montrer sa tête et être devant. Il faut aussi avoir une vraie envie de communiquer, quelque chose que je n’avais peut-être pas avant.
Est-ce que la disparition de Carole a accéléré le fait de vouloir chanter en solo ?
Oui, car j’ai vécu un moment particulier de ma vie. Dans la même année, Carole est décédée, puis cinq mois après mon père est décédé. J’étais dans une espèce d’introspection et j’ai commencé à écrire des chansons, mais je ne me suis pas dit « je vais appeler des musiciens, je vais faire un album ». J’avais juste besoin de faire des chansons, de traduire des émotions en chanson. J’ai commencé à les maquetter tranquillement chez moi, avec mon magnétophone. Un an après, j’ai fini d’écrire l’album et il y a eu le décès de ma mère. D’abord, Carole, cinq mois après mon père et un an après ma mère. J’avais commencé à enregistrer une ou deux chansons. C’est dans cette année « ennemie » que je me suis mise à… je pense que c’était peut-être le moment. Je ne me voyais pas faire un disque juste parce qu’il faut en faire un et que tout le monde en fait. Cela ne m’intéressait pas plus que ça.
Éviter ce que Carole a fait avec « Black Orchid » en 1979 où on lui a proposé un contrat.
C’est bien aussi de faire ses propres expériences. C’est-à-dire que si l’on a envie de les faire, si on le sent, il faut les faire. Il y a des gens qui font des albums à 18 ans, même si ce n’est pas eux qui écrivent les chansons, ils ont peut-être juste l’envie d’être sur le devant de la scène et c’est légitime aussi. Je n’avais pas envie de faire des choses que je ne ressentais pas. Je n’étais sans doute pas prête à être devant la scène, je ne voulais pas forcer ! J’avais pas mal d’années de métier derrière moi en tant que choriste et j’étais déjà sur scène. Je n’avais pas besoin de plus d’exposition. Cela me suffisait et cela me suffit toujours d’ailleurs ! Je pense que si je fais des chansons c’est pour dire quelque chose et pas pour me faire voir, pour être devant. C’est autre chose. Ce sont deux métiers différents.
C’est pour le plaisir et si quelqu’un y trouve de l’intérêt c’est encore mieux ?
Voilà. Je peux aussi comprendre quelqu’un qui a 20 ans et qui veut être vu. C’est humain.
Il y a en a qui réussissent seulement à 40 ans, comme Alain Bashung.
Voir à 60, comme Cesària Évora. Chacun a son parcours et je crois que l’on n’a pas à essayer de faire comme les autres…
… de dépendre d’un modèle forcément.
Oui, c’est avant tout des expériences personnelles. On peut faire des tubes à 16 ans et faire une carrière et il y en a pour qui cela se fait autrement. Il n’y a pas de règle. Heureusement, c’est un métier où l’on n’est jamais vieux. Tant qu’on a la force et la santé, on peut toujours faire cela. C’est bien qu’il y ait du public pour tous les styles.
Peux-tu nous raconter le voyage au Sénégal avec Carole qui semblait être son troisième pays de cœur ? Avec son amie Nicole Amovin, elles ont visiblement fait plusieurs voyages.
Carole, c’était une Sénégalaise, elle parlait wolof. C’est bizarre, elle disait toujours qu’elle allait finir sa vie en Afrique, qu’elle allait finir « là-bas », que le Sénégal était son pays. Ça ne se discutait même pas, c’était une évidence, elle était tellement à l’aise là-bas.
Une fois, on était ensemble au marché et elle négociait en wolof avec les vendeurs et elle se moquait de moi parce que je ne savais pas parler wolof ! Quand je lui répondais « Je suis Camerounaise, je ne suis pas sénégalaise ! », elle rétorquait : « moi non plus ! » (Rires.) On ne peut pas parler toutes les langues non plus ! Je parle déjà la langue du Cameroun et du Congo, je ne peux pas toutes les parler ! C’était une vraie Sénégalaise de cœur.
C’est aussi quelque part un signe du destin qu’elle soit décédée là-bas, cela aurait pu arriver n’importe où, elle avait l’habitude de voyager partout. Je crois que ce n’est pas anodin. Je ne sais pas, selon la croyance que l’on a… C’est le pays qu’elle avait choisi et le destin a voulu que ce soit là-bas qu’elle meure. Je crois que c’est bien que ce soit arrivé là-bas et pas dans son lit à Paris ou en Australie ou je ne sais où. Cela aurait eu moins de sens. Je ne sais pas comment je pourrais exprimer cela.
… cela correspond à un de ses souhaits
Oui. En plus, c’était après son anniversaire, on avait fini de faire la fête. Il y a eu une conjonction de choses qui font que quelque part elle a été accompagnée.
Comment cela s’est-il passé avec le public sénégalais ?
Le public la connaissait évidemment puisqu’elle allait souvent là-bas, même en vacances. La famille de Nicole était devenue « sa » famille.
Je me souviens d’une interview de Laurent Boyer [NDLR : Europe 1, 1999] où Carole avait invité Nicole Amovin. Elles avaient évoqué le rapport avec le Sénégal et la famille de Nicole.
Oui, c’était sa famille, c’est sûr.
Même « leur fille » !
Absolument. Les Sénégalais la connaissent. Les gens connaissaient ses chansons. Là-bas, à Dakar, elle était à la maison, le lien se faisait tout de suite.
En plus, je pense que c’est un concert plaisir.
Oui, elle parlait beaucoup avec le public. Les gens avaient vraiment un échange. C’est tout de même un beau souvenir, mais doux-amer.
Oui, parce que quand on ne revient pas au complet…
Le voyage de retour fut très spécial : un grand traumatisme, un grand choc. Personne ne pouvait s’y attendre. On a fait la fête toute la nuit, après le concert, puisque c’était son anniversaire, elle ouvrait ses cadeaux. On est rentré le matin à 5 h et à 10 h, on l’emmenait à l’hôpital. Surtout, ce qui était vraiment choquant, c’est le fait que ça n’avait pas l’air grave. C’est-à-dire que le médecin a dit que ça allait, et qu’ils la gardaient pour observation, par mesure de précaution. Il n’était pas alarmant. Elle est partie, elle rigolait, elle nous disait « A tout à l’heure. » Ils ont dit qu’ils la gardaient 24 heures au cas où.
Le soir, on lui a parlé au téléphone. Elle rigolait et disait « je suis désolée de vous avoir inquiété, mais ça va. Le médecin a dit que je sors demain. » On était dans la chambre d’Yvonne, quelqu’un était en train de la tresser. L’ambiance était normale. Comme on avait eu des nouvelles, je suis allée me coucher. Plus tard, on est venu m’apprendre la nouvelle. Comme on avait prévu un cadeau collectif du groupe, à part les autres cadeaux qu’elle avait eus, je pensais que c’était pour le cadeau qu’on me dérangeait. Alors j’ai demandé si ça ne pouvait pas attendre le lendemain, mais on m’a dit « Est-ce que je peux entrer, il se passe quelque chose » « Mais il se passe quoi ? Ça ne peut pas attendre demain ? » « Non, ça ne peut pas attendre demain. » Finalement, je me suis levée. Effectivement, ça ne pouvait pas attendre le lendemain.
C’était tellement incroyable que j’avais besoin de la voir pour être sûre que c’était vrai. Chez nous, il y a une tradition : si on n’a pas vu le corps de quelqu’un, on ne peut pas vraiment lui dire au revoir. C’est d’ailleurs pour cela que l’on fait des veillées avec le corps. Je me suis dit que je n’y croirais que quand je la verrai. Le matin, je suis allée à 7 heures, à l’hôpital avant que l’on m’emmène à la morgue. Je ne sais pas, j’ai eu une espèce de vide, comme une espèce de blanc.
Comme une bulle intérieure qui se forme pour se protéger.
Tout à fait, j’étais dans un état second. Un infirmier est venu, m’a emmenée dehors, et m’a fait asseoir sur un siège. Et je me suis dit « Oui, c’est vrai, alors ». Très étrange. J’ai toujours gardé son numéro de téléphone dans mon portable.
Tu as du mal à l’effacer ?
Ça me faisait bizarre parce parfois dans l’après-midi on s’appelait – on avait notre petit rituel : le thé et les petits biscuits – et ça ne se ferait plus. Carole a marqué ma vie, je suis reconnaissante au ciel de l’avoir connue. Bien sûr pas depuis aussi longtemps que Nicole [Amovin] ou Yvonne [Jones], mais si je ne crois pas que ce soit la durée qui compte
C’est la notion de partage.
C’est la qualité de la relation. Il y a des personnes avec qui j’ai travaillé durant dix ans, et on n’a jamais pris un verre ensemble ! Carole était vraiment une grande sœur que j’ai beaucoup appréciée. Je suis contente que maintenant il y ait une continuité avec sa sœur [Connie], par exemple, et son beau-frère [Jim].
Que penses-tu de la méthode d’apprentissage du français à travers les chansons de Carole, que Connie et Jim ont organisé ?
C’est formidable, cela permet aussi de perpétuer sa mémoire. Il y a toujours des gens qui la découvrent. On est dans la dixième année de sa disparition, donc quelqu’un qui a 15 ans ne la connaît pas. Je trouve que c’est une très bonne idée, par les supports pédagogiques, de pouvoir continuer à partager sa musique, partager son univers et qu’ils sachent que c’était quelqu’un de bien, qui est passé, qui est parti. L’héritage reste, c’est ce qui est important. Finalement, c’est l’œuvre de quelqu’un qui fait qu’on s’en souvient.
Ce sont de bons souvenirs, parce que chaque fois que j’en parle, il y a toujours un sourire qui apparaît sur le visage des gens.
Je ne connais pas de gens qui l’ont côtoyée qui ne l’appréciaient pas. Peut-être qu’il y en a, mais je n’en ai pas rencontré.
Je pense que ce que le public apprécie, c’est le parcours d’une Américaine…
En partant sans connaître personne en plus et faire la carrière qu’elle a faite…
Toi aussi, non ?
Ce n’est pas la même chose. Carole est arrivée, elle ne savait pas parler français du tout. J’avais de la famille en France et je viens d’un pays où je parlais déjà français. Je suis venue en France, j’avais 15 ans. J’étais pensionnaire dans un collège à Saint-Germain-en-Laye la semaine, et je passais les week-ends en famille et rentrais à l’école le lundi. Ma mère a étudié à Londres, mais mon père à Paris, on avait déjà un contact avec la France.
As-tu quelque chose à rajouter au sujet de Carole ?
Je trouve que c’est bien que des personnes qui ne l’ont pas connue de son vivant, ni même sa musique, la découvrent maintenant et arrivent à l’apprécier et à faire un travail comme des sites internet ou des hommages. Je trouve que c’est le plus cadeau pour un artiste. Je crois que cela fait grand plaisir à sa famille aussi et plus particulièrement à Connie de voir l’impact que Carole a eu sur les gens. Je sais qu’ils en avaient parlé lors de la cérémonie des obsèques. Ils étaient étonnés de voir la foule qui était présente, dans l’église et dehors où il y avait un monde fou. C’est émouvant parce qu’arriver à déplacer du monde comme ça, cela représente quelque chose. Je crois et j’espère que l’on ne l’oubliera jamais.
Pour les 10 ans de sa disparition, comme je suis illustratrice, je prépare une BD sur la vie de Carole. Cela va raconter son parcours de Springfield en passant par la Californie et Paris jusqu’à Dakar. Cette BD sortira aux éditions Dagan. J’en profite pour remercier Connie qui me fait partager des documents d’archives de son adolescence.
On a hâte de le découvrir. Je te remercie de nous avoir consacré du temps pour nous parler de Carole.
Merci.