samedi 9 juin 2001

Carole Fredericks fête le départ de sa tournée

  • Carole Fredericks fête le départ de sa tournée
  • France Soir
  • France Soir, 09 juin 2001

Entourée de ses nombreux amis du show-business dont Jean-Jacques Goldman, Allan Théo et Bruno Pelletier, Carole Fredericks a fêté le départ de sa tournée en France, au café Indigo, avenue George-V. La chanteuse s'est réjouie du succès de son album « Couleurs et Parfums » et a, au cours du délicieux dîner, remercié tous les artistes de s'être produit avec elle lors de son spectacle, le mois dernier, à l'auditorium Saint-Germain-des Près. Sur notre photo, autour de Carole : Faudel, qui devrait tourner vite son premier film de cinéma, Tilly Key qui cartonne avec son titre « L'Ombre et La Lumière » et dont c'était l'anniversaire, et son fiancé Rudy des Poetic Lover, ces deux-là devraient être marier rapidement.

vendredi 19 janvier 2001

Il était une voix, Carole Fredericks

  • Il était une voix, Carole Fredericks
  • Le pays briard
  • 19 janvier 2001
  • Bruno Lagrue
  • David Quint

En concert ce vendredi soir, 19 janvier, à la Sucrerie, la grande dame de la soul et du blues nous a fait quelques confidences. Sur son enfance, sa vie, sa carrière, ses plaisirs.

Juste avant de venir à Coulommiers, vous avez entamé une nouvelle tournée avec les Enfoirés pour les Restos de cœur. Comment cela se passe t-il ?

Cela fait treize ou quatorze années que je fais la tournée avec les Enfoirés. Nous avons répété deux jours avant le premier concert à Caen, samedi dernier, 13 janvier. Puis, on a enchaîné avec Brest puis Orléans... et vendredi, je suis à Coulommiers.

Quel genre d’enfant étiez-vous ?

Il paraît que j’étais très souriante. (elle éclate de rire). Je chantais tout le temps. J’étais très gaie. J’ai passé mon enfance à Springfield, aux Etats-Unis, dans le « mets tes chaussettes » (Massachussets).

Quand avez-vous commencé à chanter ?

Toute petite. Pour moi-même au début. Depuis l’âge de cinq ans, j’ai toujours rêvé et souhaité être chanteuse. Je ne lis pas très bien la musique. C’est plus au feeling. Ma mère était chanteuse, mon père pianiste et parolier, mon grand frère chante le blues. Toute la famille fait de la musique pour son plaisir. J’ai sept frères et une sœur.

Comment s’est déroulé votre premier concert ?

C’était à Springfield. J’avais très peur. Je tremblais. Comme je tremble toujours. J’étais étonnée que les gens m’aiment et je suis partie tout de suite après. Je ne pouvais pas rester voir la réaction des gens. Avant chaque concert, j’ai toujours le nœud dans le ventre, la gorge sèche, la peur qu’il n’y ait rien qui sorte...

C’est important d’avoir le trac ?

Si un jour, je n’ai plus peur, je vais me poser plein de questions. C’est important d’avoir des petits doutes. Monter sur scène, c’est un endroit magique pour moi. Je peux être fatiguée, fâchée, malheureuse, déprimée mais sur scène, je m’éclate. Avec le public. Pendant une heure et demie, je suis une autre personne.

Quelle place à Coulommiers dans votre tournée ?

Je ne fais pas vraiment de tournée. Je fais des dates et je tourne toute l’année. La scène est tellement importante pour moi, je dois avoir ma dose. Coulommiers sera ma première date de concert dans le nouveau millénaire.

Quelle région de France préférez-vous ?

Je suis plus marquée par les gens que par les endroits. J’ai beaucoup d’amis ch’ti mi. Ces gens sont chaleureux. Ils ont le cœur sur la main. Ce sont des fêtards. Il y a même un pub qui porte mon nom à Croix : le Fredericks pub. Et puis, il y a aussi la Provence, l’huile d’olive.

Et la Brie ?

Je vais découvrir. J’espère que les gens vont venir s’éclater avec nous, mes quatre musiciens et mes deux choristes. Pour danser, taper dans les mains, chanter et bouger les fesses. C’est très important.

En dehors de la scène, quelles sont vos passions ?

J’aime les bons bordeaux. Je cuisine très bien, c’est pour ça que j’ai plus que mes rondeurs. J’adore le cinéma. Je n’y vais pas assez. Je n’ai pas le temps. Mais avec le DVD, je suis super contente. Il faut que j’achète un super télé grand. Je vais pouvoir voir plein de films que je n’ai pas vus.

Quelles chansons allez-vous interpréter devant le public de Coulommiers ?

Je vais faire un mélange de mes deux albums. Il y aura du blues, du soul, des chansons en français, du rythm’ and blues. Un mélange de choses qui me plaisent, c’est bath ! J’espère que tout le monde va monter dans le bâteau avec moi pour s’éclater ensemble...

vendredi 3 novembre 2000

Carole Fredericks enflamme Nogent

  • Carole Fredericks enflamme Nogent
  • Libération Champagne
  • 3 novembre 2000
  • (non signé)

L’Agora Michel Baroin s’est levé pour acclamer la chanteuse de Springfield, Carole Fredericks, lors de son récital, samedi dernier à l’Agora.

Carole Fredericks, c’était la voix féminine du trio Fredericks Goldman Jones qui a trusté les premières places des hits parades au début des années quatre-vingt-dix. Une voix chaude, puissante, une voix de blues venue du Massachusetts.

Des affiches l’annonçaient à Nogent, pour clore en quelque sorte la Quinzaine sénégalaise, bien qu’il n’y ait aucun rapport entre la chanteuse américaine et les arts premiers si prisés en ce moment. En fait, il s’agissait surtout pour la municipalité de faire une tête d’affiche et d’offrir aux Nogentais pour la modique somme de quatre vingt francs un concert d’automne de qualité, susceptible de rassembler un grand nombre de spectateurs. Pari tenu samedi dernier à l’Agora dont la grande salle s’est transformée pour l’occasion en music hall. Quatre cent personnes sont venues applaudir la chanteuse, de Nogent bien sûr, et d’ailleurs aussi.

D’étranges détours

Des fûts de batterie, des rideaux noirs, deux guitares, un clavier. La scène apparaît dans sa nudité d’avant spectacle, inerte et froide. Les spectateurs avec sagesse prennent place sur leur siège. Rien de significatif, une soirée un peu mondaine peut-être, par la présence de nombreuses personnalités locales. Soudain, le noir précède la tempête. Sous un halo de lumières roses, bleues, les musiciens s’installent. Un guitariste, un bassiste, un claviériste, un batteur, deux choristes. Alors, depuis les coulisses, la silhouette de Carole Fredericks emplit la totalité de la scène d’une présence indéfinissable. Le plateau s’anime de couleurs, la voix de la dame danse autour de chacun comme une invitation à s’oublier. Et le charme opère. Professionnelle, la chanteuse raconte des anecdotes de sa vie : la confidence plaît. C’est presque une amie, cette femme énergique dont la sensualité et l’amour déborde de la salle soudain trop exiguë. C’est à Springfield qu’elle nous emmène, reprenant avec humour, pour ceux qui n’auraient pas compris et pour ceux qui la connaissent, les mots qu’elle chantait avec Goldman et Jones. Puis un gospel a capella avec sa grande amie et choriste Yvonne Jones. Et puis son frère Taj Mahal, un bluesman connu. Ses parents musiciens, Jean-Jacques qui a écrit pour elle : « ça prendra d’étranges détours (...) le moment viendra et je serai là. »

Elle est radieuse, « la » Fredericks sur cette scène de province. Elle étonne par la variété de son répertoire enrichi de ses propres nuances. Longue robe noire, manteau fluide et pailleté d’un beige lumineux, nimbée de ses bijoux de diva, les ongles longs d’une femme pour qui les contingences matérielles sont d’un autre monde. Généreuse.

Toute la salle débout

Le public en même temps n’est pas désorienté par trop de nouveautés : tout le monde y trouve son compte. Elle enchaîne les standards comme « O Happy day », « Freedom », fait chanter le public, en anglais, s’il vous plait, et, bientôt, ce ne sont plus des individus qui assistent à un spectacle, mais une foule prise au piège du rythme et de la fascination. Nogent bouge. Nogent tape la mesure. Nogent respire le souffle puissant de la chanteuse. C’est une fête somptueuse et simple, Carole se livre avec naturel, elle séduit une basse à genou devant son hommage à Aretha Franklin.

Elle interprète quelques chansons de son dernier album "Couleurs et Parfums", des chansons de variété toutes bêtes, chansons d’amour qui vont droit au cœur du public. A présent, le public l’acclame debout, danse, ont dit, paraît-il, standing ovation quand on veut paraître branché, mais c’est plus que ça. Carole Fredericks a allumé une petite flamme à Nogent, sa chaleur a crée la chaleur, les spectateurs ne s’y sont pas trompés, bissant et rebissant la chanteuse. Alors, elle reprend le fameux « Sex machine » de James Brown, et c’est le délire. Plus personne ne se souvient du numéro de son siège, le public est accroché à la scène, certaines se déhanchent, et après vingt chansons, la voix de l’artiste est toujours aussi superbe. L’émotion rattrape ces Aubois sur la dernière chanson, « la chanson préférée de ma mère qui a quitté ce monde il y a six ans ». C’est du gospel... La salle se tait, émue. Du grand art. Merci.

Mademoiselle Fredericks prendra le temps de signer d’innombrables autographes à des jeunes gens heureux grâce à elle.

Comment ne pas la trouver sympathique, talentueuse, comment ne pas la remercier d’avoir éclairé Nogent de sa chaleureuse présence.

[photo – Un public heureux] [photo – Les fans ont eu un sourire supplémentaire] [photo – Carole Fredericks en duo avec Yvonne Jones]

samedi 5 août 2000

L'envol de la chance

  • L’envol de la chance
  • Le Dauphiné libéré
  • 5 août 2000
  • Juliette Chauvin

Hier soir en concert à Valence pour clore le festival d’été, Carole Fredericks, a fait grande impression à un public subjugué.

Bijoux dorés et colorés, impressions chaudes d’une voix douce et profonde et d’un rire franc et généreux. Carole Fredericks, c’est elle, simple comme on se l’imagine, amoureuse d’une vie dont elle fait son métier. Chanter, seule ou à dix-huit, duos, trios, quatuors, et plus si affinités, chanter toujours et pour toujours. Sur un coup de tête, alors qu’elle travaillait dans une agence d’intérim, en sachant très bien « qu’elle n’était pas faite pour ça, et que ça ne pourrait pas durer », Carole part pour la France. Mais pas sans raisons, parce que traverser l’Atlantique sans aucun pied à terre à l’arrivée, aucune certitude de rien, ça n’était pas possible. La vie l’a poussé vers la chanson, toute petite, « j’avais cinq ans quand j’ai su que je voulais devenir chanteuse. Je ne savais pas où, ni pourquoi ni comment, mais c’était ça ». Depuis quelques temps, elle chantait dans un restaurant français de San Francisco, « très chic » où déjà plusieurs clients français lui avaient conseillé de partir tenter sa chance dans l’hexagone. Le temps que l’idée fasse son chemin dans sa tête… et Carole prend un aller simple pour Roissy, malgré, les trois quarts de son entourage qui savaient « qu’elle était un peu folle, mais givrée à ce point… ». Ca n’y a rien changé. Carole la « givrée » débarque chez nous, seule et à l’aventure. Et là, premier (bon) coup du destin, le patron de la « Belle Hélène », le restaurant où elle travaillait, est à l’aéroport et met Carole sur les rails de la vie parisienne. Tout s’enchaîne très vite, et trois semaines après, la grande dame que l’on connaît se retrouve dans les studios de la capitale à enregistrer un tout premier album « une horreur », dit-elle dans un éclat de rire, qui la pousse pourtant à continuer, vers d’autres horizons nouveaux. De fil en aiguille, la jeune femme qu’elle est alors commence à se construire une carrière, une personnalité, et un nom dans le milieu où les places sont chères. Point d’orgue au parcours de la choriste, la rencontré avec Goldman, avec qui elle travaille dès 1986.

Ce qu’elle a retiré de son travail en trio ? « L’expérience avec Goldman et Jones a été belle et très enrichissante. Tout le temps, le public nous a vu comme un trio très soudé. Mais notre séparation ne signifie pas que l’on s’est brouillés, au contraire, Les rumeurs qui traînent sur l’internet sont totalement infondées, et il y a quand même des gens pour y croire. Simplement chacun avait des projets de son côté, des choses à faire… Goldman est le producteur exécutif de mon dernier album et on se voit régulièrement ». Pour couper la chique aux mauvaises langues. Et alors, pourquoi ne pas renouveler cette collaboration qui a si bien marché ? « Au début, les choses se sont faites sans calcul, Ce n’est pas exclu que l’on recommence, et si c’est le cas ce sera pareil. On ne fait pas de prévisions ». Le public a, depuis lors, mis un visage sur un nom qu’il connaissait bien, et de longue date. Voulzy, Berger, Bécaud, Thiéfaine, Dion, des grands nom de la chansons avec qui elle a travaillé, Carole garde des souvenirs et la chance d’avoir connu leurs différences. « Choriste, on croit souvent que c’est un métier facile. Je suis chanteuse, depuis le début, le fait ne pas toujours être sur le devant de la scène ne veut pas dit dire que s’est plus facile ». On s’en doute, et Carole la chanteuse existe bel et bien aujourd’hui. A quoi rêve-t-elle ? « Avoir un public, le mien, qui me suive et qui sache que la musique qu’il irait écouter est bonne ». Pas de doute, hier Valence était là pour toi, et celui qui voudra suivra. Parole, pas de doute, Carole hier soir, Valence, était là pour toi, et celui qui voudra suivra. Parole.

samedi 1 juillet 2000

Je ne suis pas une femme standard

  • Je ne suis pas une femme standard
  • Questions de femme
  • Juillet 2000
  • Laurent Fialaix

Arrivée en France de son Springfield natal, il y a vingt et un ans, elle a chanté derrière les plus grands noms de la chanson avant de devenir vedette aux côtés d’un certain Jean-Jacques Goldman. C’était il y a quinze ans déjà. Depuis l’américaine fait carrière en solo. Rencontre avec une femme attachante, une grande sentimentale à la recherche du grand amour.

Votre nouveau single s’intitule « Le prix à payer ». Face au succès, le prix à payer c’est quoi ?

Toute le monde paye un prix donc (elle réfléchit longuement). Oh, c’est une question piège. ! (rires) Personne ne vit sans traverser des moments de joie, de doute, de douleur, de trahison, des chagrins d’amour aussi. Et ce n’est pas parce qu’on chante ou qu’on passe à la télé que l’on est épargné. Donc je paye le même que toute le monde. Cela dit, je ne suis pas mal lotie. C’est vrai qu’à dix-huit ans j’imaginais ma vie différemment, mais beaucoup sont dans ce cas.

Vous l’imaginiez comment ?

Je pensais que je serais mariée avec trois enfants et que je chanterais, mais à un niveau moins élevé. Je ne suis pas mariée, je n’ai pas d’enfants et je ne sais pas si je suis arrivée très haut mais bon... (rires). En tout cas, j’ai des amis extraordinaires. Lorsque l’on a un vrai ami, voir trois comme c’est mon cas, on est plus que gâté ! Ces trois amis très chers l’étaient bien avant que mon nom ne soit connu. Ils aimaient Carole avant mon aventure avec Jean-Jacques Goldman. Alors, je suis très contente de les avoir. Et peut-être qu’un jour, j’aurai un amour... Mais, pour l’instant... je ne l’ai pas ! (rires)

La faute à qui, à quoi ?

Dans ce métier, nous les femmes avons beaucoup de difficultés avec les hommes parce qu’ils ont toujours un ego très fragile. Il est parfois difficile pour eux d’encaisser le fait que leur nana puisse être adulée par d’autres. Or, moi j’ai besoin d’un homme bien dans sa peau, les pieds sur terre, qui ait sa propre passion pour pouvoir comprendre la mienne. Un homme qui surtout ne se sente pas menacé par ce que je fais ou par ceux que je côtoie. Dans ce milieu, tout le monde est très familier ; on s’embrasse facilement; on donne dans le « Bonjour, ma chérie ! Comment vas-tu ? ». Mais ça s’arrête là ! Et puis, parfois, les gens se font des idées : « Elle passe à la télé. Je ne peux lui parler ! ». Mais je vis comme tout le monde, hein (rires)!

Le pouvoir de la télé se ressent jusque dans votre vie privée ?

Oh oui, c’est incroyable le pouvoir de la télé ! Avant que je sois connue, j’avais des vielles chouettes de voisines que les horaires de travail dérangeaient, qui ne me disaient pas merci quand je leur tenais la porte, qui me la fermaient au nez, qui me lançaient des « Sale négresse, remonte dans ton arbre ! ». Puis, du jour au lendemain, quand je suis passé à la télé, les mêmes : « Oh vous êtes chanteuse ! Formidable. » Je ne suis pas une femme très standard. Des gens se moquaient de moi aussi pour ça. Là encore, tout s’est arrêté net avec la télé.

Pourquoi ne pas avoir essayé de faire carrière aux Etats-Unis ?

En fait, je suis venue ici sur un coup de tête. J’étais en Californie. Je chantais dans une chorale de gospel avec soixante-dix autres chanteurs, dans un restaurant français hyper chic de San Francisco, « La Belle Hélène ». En même temps, je bossais dans un bureau. Un jour, du haut de mon quarante-huitième étage, entourée de sacrées chipies de nanas, je me suis demandé ce que je fichais là. « T’est pas mariée, t’as pas d’enfants, t’as pas d’attaches, alors change de vie ! ». Je me suis dit... Quand je chantais dans mon restaurant français, je rencontrais souvent des gens qui me proposaient de venir en France. Moi qui ne connaissais pas un mot de français ! Finalement, je me suis dit « Pourquoi pas ! Va voir. Si ça ne marche pas, tant pis... Au moins, tu n’auras pas de regrets. Et puis tu pourras voir la Tour Eiffel et l’Arc de Triomphe !... »

dimanche 12 décembre 1999

Carole Fredericks sans choeur

  • Carole Fredericks sans choeur
  • France Soir
  • 2 décembre 1999
  • Ariane Dollfus
  • David Quint

Elle l'ose, elle le fait : cette fois-ci, Carole Fredericks fait une scène toute seule. La voilà dès ce soir, et pour six soirs, à l'Auditorium Saint-Germain-des-Prés, avec quelques invités de passage et de choix, tels Faudel, Bruno Pelletier ou Jean-Jacques Goldman. Carole Fredericks est américaine, noire, issue d'une famille aussi croyante que grande pourvoyeuse en voix de gospel.

Mais c'est en France que cette fille du Massachusetts a trouvé la voix du succès. En fond de scène, elle vocalise pour Voulzy, Souchon, Bécaud, Dalida, Johnny. Et franchit alors un rubicon réputé impossible : passer du statut de choriste à celui de chanteuse, grâce à Jean-Jacques Goldman, le chanteur qui ne rêve rien tant que d'être anonyme. Vient alors l'heure de gloire du trio Fredericks-Goldman-Jones. La voilà aujourd'hui à la tête d'un album solo (avec trois chanson signées Goldman), et d'une scène pour elle toute seule.

« Je vous jure que je n'en reviens toujours pas », affirme cette mama pleine de vie, de bagues à chaque doigt et d'enthousiasme très américain. « J'ai prévu des invités, parce que j'aime chanter avec les autres. J'ai toujours vu faire cela. C'est mon héritage anglo-saxon, sans doute »

Aujourd'hui, Carole, arrivée en France il y a 21 ans, a passé davantage d'années ici que là-bas.

Chanter toute la journée

« Ca ne m'obsède pas de ne pas être connue en mon pays. Ici, j'ai une famille musicale de choix, entre Goldman et Benzi (NDLR : le choriste de Johnny) et les autres. Pourquoi irais-je tout recommencer là-bas ? Et puis, je peux très bien redevenir choriste demain. Même si on me le demande moins. Les gens doivent penser que je ne le souhaite plus, ou que je suis trop chère, ce n'est pas le cas non plus ! » Sa voix, Carole Fredericks la travaille peu.

« J'ai pourtant cherché un professeur à Paris, mais ceux que j'ai trouvés sont trop lyriques pour moi. Le seul moyen que j'ai trouvé pour garder mes cordes vocales en état, c'est de chanter dans la journée, et de ne boire ni produits laitiers ni champagne avant d'entrer en scène. »

Aussi, le 31 décembre, avant de monter sur la scène du Lido où elle chantera « Oh Happy Day » ! sur les douze coups de minuit, Carole Fredericks sera totalement sobre. Après coup, on ne garantit pas.

samedi 27 novembre 1999

Je n'aime pas me regarder à la télé

  • Je n'aime pas me regarder à la télé
  • Spéciale dernière
  • 27 novembre 1999
  • Bruno Lecoq

Invitée ce soir de « Tapis Rouge » sur France 2, Carole Fredericks se prépare à affronter sa première scène parisienne. Actuellement en pleine répétition et déjà sous l’emprise du trac, elle s’est confiée à S.D.

On vous retrouvera du 2 au 11 décembre prochain à l’auditorium de Saint Germain des Près. Dans quel état d’esprit êtes vous à quelques jours de ce rendez-vous ?

Je suis très excitée et, comme toujours, j’ai le trac... Encore plus cette fois-ci parce que c’est le premier spectacle que je présente seule à Paris et que j’y vais avec mon nouveau répertoire... Cela fait beaucoup d’émotion en perspective.

Chanter à Paris en tant que tête d’affiche, était-ce un rêve ?

C’est un rêve éveillé puisque c’est quelque chose qui m’arrive. Et puis ce sera tout un fait un rêve si les gens qui m’aiment bien viennent me voir ! J’espère qu’ils vont être nombreux pour s’éclater avec nous et qu’ils repartiront heureux, comme je peux l’être, moi aussi, lorsque je chante.

Qu’avez-vous mis au programme de ce spectacle ?

Je vais chanter les dix chansons de mon dernier album « Couleurs et Parfums », il y aura aussi quelques chansons de mon précédent album et peut-être deux ou trois « rythm and blues », puisque cette musique a bercé toute ma vie. Enfin, j’y chanterai un petit gospel. Il y aura aussi quelques guest stars mais je peux pas vous donner des noms : ce sera la surprise ! J’aurai avec moi quatre musiciens remarquables et deux anges pour les chœurs.

Vous serez ce soir l’invitée de « Tapis Rouge » sur France 2 : vous regarderez-vous ?

Non, je ne veux jamais me regarder. Je suis tellement critique envers moi que je ne vois que mes défauts ! Il m’arrive cependant de visionner les émissions quelques mois plus tard. Mais, même si l’on me dit que c’est bien, même si je le pense moi aussi, cela me rend toujours malheureuse... Il y a toujours quelque chose qui ne va pas.

Que pensez-vous du comité qui s’est crée pour réclamer l’instauration de quotas en faveur des Noirs dans les programmes télé ?

Même si personnellement on me voit beaucoup, nous ne sommes pas nombreux. Il y a beaucoup de Noirs en France et dans les pays francophones et très franchement nous ne sommes pas très bien représentés. Les Asiatiques non plus d’ailleurs. Mais en ce qui concerne les quotas dont on parle, je ne sais pas. Je pense que ce serait une meilleure chose si cela se faisait de bon cœur... Il ne faut pas forcer les gens.

Avez-vous prévu de partir en tournée ?

Oui, je partirai d’abord en janvier avec la tournée des Restos du Cœur et à partir du 15 février je pars seule.

D’autres projets en dehors de cette scène parisienne ?

Pour le moment, je me concentre sur mon spectacle et la promotion de mon album « Couleurs et Parfums » dont on vient se sortir un single « Respire ». J’ai aussi enregistré un duo avec Lââm pour les enfants des quartiers difficiles mais je ne sais pas quand il va sortir.

Test.

lundi 1 novembre 1999

Carole Fredericks respire enfin !

  • Carole Fredericks respire enfin
  • Platine Magazine
  • Novembre 1999
  • Jean-Pierre Pasqualini

Après « Personne ne Saurait » (avec Poetic Lover), « Qu’est ce qui t’amène », « Respire », Carole est enfin soulagé : elle existe en hors du trio Fredericks Goldman Jones... Interview exclusive alors qu’elle prépare sa scène parisienne à l’Auditorium Saint-Germain début décembre.

Après le premier album en solo il y a deux ans, voici le second « Couleurs et parfums »... Tu es une grande productive...

Pas vraiment, parce que Springfield date de 1996 et ça fait quand même trois ans...

Quelle est l’évolution entre les deux ?

« Springfield », c’était pour le premier album en solo, pour me présenter toute seule, enfin pas tout à fait puisque «ma famille» était là. Quand je dis « ma famille », j’entends les gens que j’ai connus avec Jean-Jacques et en qui j’ai confiance. Pour « Couleurs et parfums », l’éventail est beaucoup plus large, c’est beaucoup plus groove, soul-rock-pop-variétés... et c’est plus en français qu’en anglais.

Pour ce deuxième album, on retrouve cependant la famille : Jean-Jaques Goldman, Jacques Veneruso... Tu n’as pas envie, comme Johnny, de changer d’équipe à chaque album ?

Non, moi je fonctionne bien uniquement quand je suis avec des gens que j’apprécie humainement et pour lesquels j’ai musicalement beaucoup d’admiration. Ceux sont les seuls qui peuvent tirer le meilleur de moi.

Raconte-nous ton histoire avec les deux réalisateurs de l’album : Jacques Veneruso et Christophe Battaglia...

Jacques, je le connais depuis 1988 quand il était dans Canada et que ce groupe a fait la première partie de la tournée d’été de Jean-Jacques. Jacques était déjà présent pour « Springfield » et il a écrit avec Jean-Jacques « Personne ne saurait ». Christophe, c’est le petit nouveau. Comme je voulais faire mon album avec un programmateur et que Christophe m’avait déjà fait un remix que j’avais beaucoup beaucoup apprécié de « Jesus in Me », j’ai travaillé avec lui. Et puis, comme il est le cousin d’Erick Benzi, c’est la famille aussi... (rires)

Certains membres de «ta famille» sont absents comme Gildas Arzel ou Erick Benzi. Vous êtes fachés ?

Arrête de toujours chercher des problèmes, il n’y en a pas. Erick était submergé avec du boulot, Gildas également. Ce n’est pas grave la famille est large.

Que penses-tu du travail de « ta famille » ? De Benzi avec Anggun, de Veneruso avec Rock Voisine, de Battaglia avec Leyla Doriane... Y’a t-il des choses données à ces artistes que tu aurais aimé chanter ?

Non, je ne suis pas envieuse. J’admire, mais je ne suis pas jalouse. Et puis, ils travaillent en fonction des artistes. Ce qu’ils me donnent est fait pour moi. Je ne me vois pas chanter « La neige au Sahara », cela a été taillé pour Anggun.

Sur cet album, tu as écrit « Vain » avec Veneruso. Parolière, c’est ton truc ?

Sur le précédent album, j’avais écrit presque tous les textes parce que c’était en anglais. Dans cet album, comme c’est en français, je ne me sens pas au niveau. En ce qui concerne les compositions ou même les mélodies, je laisse faire les autres... J’avais cosigné une musique, il y a quelques années, mais on ne va pas en parler... (rires)

« Ecope » est co-signé Michael Jones. Est-ce enfin la chanson qu’il t’avait promise pour « Springfield ».

Non, ce n’est pas celle-là. Ecope est une chanson faite spécialement pour cet album.

Dans cet album, tu chantes en duo avec Yvonne Jones, laquelle t’a écrit deux chansons...

« Tu es là » elle a fait la musique et les paroles. « Mighty Love », elle a participé aux paroles. Sur mon précédent album, Yvonne avait déjà signé « So I Pray » paroles et musique. Je la connais depuis que je suis arrivé en France en 1979... JE suis même marraine de son fils. Je l’ai rencontré avec Ann Calvert. Toutes les trois, nous avons été choristes pendant dix ans, ça ne s’oublie pas.

Yvonne est plus présente qu’Ann dans cet album ?

Ann est prof de chant maintenant, mais si un jour elle écrit quelque chose, je serais très flattée qu’elle me le montre. Je l’ai eu au téléphone il y a quelques jours.

Dans « Springfield », il y avait deux reprises : « Silent Night » et « Oh Happy Day », ici il y en a à nouveau deux, c’est ton quota ?

Cette fois, j’ai préféré enregistrer « Time After Time » en duo avec ma petite sœur de lait, Nicole Amovin. En effet, je chante depuis une dizaine d’années avec elle sur scène, de Paris à Dakar, cette adaptation en walof - un dialecte sénégalais, du titre de Cyndi Lauper... On a souvent pensé à l’enregistrer. Pour « Springfield », c’était vraiment pas le genre de l’album, mais à, on s’est dit que c’était le moment. J’aimerais même sortir « Kaai Djallemea » comme quatrième single.

Ce sera le dernier extrait de cet album ?

Je pense. Ce n’est déjà pas si mal pour quelqu’un à mon niveau.

Tu as également repris « Au bout de mes rêves » que Goldman avait enregistré trois ans avant de te connaître. Elle ne correspond pas à ton époque à ses côtes.

Ca m’est égal, car elle me plait. J’aime aussi beaucoup « Pas toi », mais on la refait déjà en trio et un groupe vient de la reprendre : c’est trop tard.

Quand tu entends les reprises des titres de Goldman, comme ce « Pas toi » par Melgroove, qu’est-ce que tu en penses ?

Je trouve à bien. J’ai entendu également Albabina dans « Comme toi », c’est une merveille, cela m’a donné des frissons. Quand on a écrit une chanson, elle ne vous appartient plus, elle est faite pour être chantée par tout le monde, interprétée librement.

Respire est la seule chanson que Goldman a écrit dans cet album, contre deux ans le précédent ? En tant que créatrice, seras-tu fiere si un jour quelqu’un la reprend ?

Ben écoute, oui.

« Personne ne saurait » a été le tube en été 1998. L’image du groupe, un peu boys band ne t’a-t-elle pas gêné ?

Ils ne sont pas boysband ! Ces gamins, ils ne sont pas limités à de beaux pectoraux, ils chantent bien et sont ensemble depuis cinq ans. Ce n’est pas un boysband fabriqué !

Avec « Personne ne saurait », « Qu’est ce qui t’amène », « Respire », cet album compte déjà trois succès radio. Ca fait quelle impression après un premier album dont aucun titre ne s’était fait connaître ?

C’est vrai que le premier n’est pas passé à la radio, ou presque pas. On ne sait jamais vraiment pourquoi. Certains disent que c’est parce que c’est en anglais... Peut-être ce n’était pas le moment, ce n’était pas mon étoile.

Est-ce que tu regrettes cet album ou certains de ses chansons. Les assumes-tu toutes ?

Oh oui, je trouve cet album très bien, même si je pense qu’il était fait pour des amateurs de blues et gospel. Je suis très fière de mes deux albums, mais je me suis plus impliquée dans le second.

Pourquoi as-tu changée de maison de disques ? Tu es passé de Ariola / BMG à M6 ? One ne voulait plus de toi ?

Non, eux ils voulaient, moi, je ne voulais plus. Peut-être que le travail n’était pas fait...

En revanche, tu es toujours produite par JRG, c’est à dire Jean-Jacques Goldman. Comment s’est passé le deal ?

C’est une drôle de question, car je connais Jean-Jacques depuis 1986. Et s’il me produit, c’est peut-être parce qu’il pense que je suis très bien (rires)...

Est-il un bon producteur ? Il est loin de l’image du producteur type : cigare, grosse voiture, vie mondaine... Loin du style Barclay ?

Tous les producteurs ne sont pas Eddie Barclay.

Après les quatre ans de trio (1990 à 1994) et la séparation, on a dit que vous pourriez rechanter ensemble. Tu as envie de quoi : d’une carrière en solo ou en à trois ?

De chanter. Que ce soit seule, en duo, en trio ou avec l’Armée Rouge peut importe !

Tu es souvent guest de gens très différents ? On a t’a vu en duo ce mois-ci au Casino de Paris avec Michelle Torr, à l’Olympia avec Jean-Jacques Milteau ?

Ici en France, on décortique tout, ce n’est pas bien. Aux Etats-Unis, on chante ensemble, sans regarder si on est plus vieux ou plus jeune, variété ou jazz... J’ai toujours vu mon grand frère (Ndlr : Taj Mahal) inviter des artistes sur scène...

Tu chantes toi-même beaucoup sur scène ?

Ca dépend, cet été on a pas mal tourné. On est même allés chanter à Nouméa. La scène, c’est l’endroit où je m’exprime le mieux, où je m’éclate.

Tu préfères les petites salles, comme celles où tu avais chanté en trio en 1994 ou les grandes ?

La tournée des petites salles, c’était génial !

Tu seras à l’auditorium Saint Germain à Paris du 2 au 11 décembre. Pourquoi cette salle ?

Je l’ai visité un jour où elle était vide, et j’ai craqué. Pourtant, je n’y ai vu personne chanter. Sur scène, il y aura des musiciens avec lesquels je tourne depuis quatre ans : basse, batterie, guitare et deux anges qui font les chœurs. J’y chanterai mon répertoire en français surtout, mais il y aura des chansons en anglais, notamment quelques bijoux de Rythm and Blues qui m’ont bercée quand j’étais jeune. En revanche pas de chansons de l’époque du trio avec Jean-Jacques et Michaël. Il y aura aussi des guest mais ce sont des surprises...

Le 31 décembre, tu seras au Lido pour le Réveillon 2000...

Oui, ensuite je ferai la soirée des Restos du Cœur et je partirai en tournée à partir du 15 février.

Tu fais beaucoup de caritatif ?

Beaucoup, je ne sais pas. Je fais les Restos du Cœur comme tout le monde. J’ai aussi fait Solidays, Les enfants de la terre... et beaucoup de choses dont je ne parle pas.

Il parait que tu as toujours le tract avant de chanter sur scène, comme en radio ou en télé. Comment tu l’expliques ?

Je ne sais pas. Je me souviens que lorsque j’ai dû chanter avec Céline Dion, je n’ai pas dormi plusieurs nuits auparavant. Je crois que c’est parce que je l’admire tellement. Quand elle chante cette fille me transporte. Je suis toujours impressionnée par les gens qui chantent bien et toujours étonné qu’ils veulent chanter avec moi ! Comme tous les artistes j’ai des doutes, je m’angoisse beaucoup. C’est mas solution pour avoir la tête dans les étoiles, mais les pieds sur terre. D’un autre côté, je suis contente d’être troublée, de rougir, car je ne veux pas être blasée.

Tu aimerais avoir une carrière internationale ? Tu avais essayé avec Goldman et Jones en 1990 avec la sortie de disques en Angleterre et en Amérique ? J’avais notamment trouvé Nuit en maxi-vinyle à Londres...

Ouaaais... Nous, on y a jamais cru, c’est la maison de disques qui voulait. Aujourd’hui, je serais heureuse si la France et les pays francophones m’acceptent... Ca me suffira. J’ai juste une envie : faire carrière au Canada. C’est un pays où je ne suis jamais allé alors que le Massachusetts, où je suis née, est à une heure de vol du Canada ! Je voudrais rajouter qu’il faut arrêter ce snobisme qui consiste à vouloir toujours chanter en anglais ! Céline a eu un disque d’or avec « D’eux » en français aux USA ! Et, dans la brousse, ils ne comprennent pas l’anglais, mais ils écoutent Michael Jackson, alors que ce n’est pas un problème de langue !

Et la vie privée ? Le mariage ? Les enfants ? On a l’impression que tu oublies ta vie privée dans une activité débordante ?

Je m’occupe de moi, mais je n’ai pas envie de raconter ma vie privée. Je suis comme n’importe quelle femme, j’ai envie d’avoir des enfants, mais ça ne suffit pas. On ne peut pas commander la maternité, cela arrive quand cela doit arriver... J’adore les enfants, mais aussi les personnes âgées.

Peu de gens le savent, mais tu fêtes les 20 ans de ton premier album, disco, enregistré en 1979. Quels en sont les grands souvenirs ?

Oh la la la ! Comment tu sais ça ?!! A cette occasion, j’ai rencontré Arthur Sims, un chanteur qui nous a quittés, également Yvonne et Ann. Ce qui était extraordinaire, ce que je n’étais qu’en France depuis trois semaines quand j’ai eu ce contrat pour faire un disque chez Carla Musique. On a travaillé avec Christian Gaubert, qui a fait les musiques, Boris Bergman, qui a écrit les textes en anglais... On a enregistré au studio du Palais des Congrès. Je me souviens avoir fait une reprise d’une chanson de Françoise Hardy, alors que je ne la connaissais même pas... Et une chanson qui faisait (elle chante) : « When Love Dies... » C’était un album où je n’avais rien à dire, j’étais juste là pour chanter. Il y avait cependant mon nom sur la pochette avec la mention « Black Orchid », l’orchidée noire (rire). Même si les arrangements ne sont pas terribles, je n’ai pas honte, il y a pire.

mardi 20 juillet 1999

Mademoiselle chante le blues

  • Mademoiselle chante le blues
  • Le Dauphiné libéré
  • 20 juillet 1999
  • Murielle Ledoux

Carole Fredericks, ex-choriste de Jean-Jacques Goldman, mène aujourd’hui sa propre carrière et présente, ce soir, au Grand Théâtre de plein air, à 21h30, un récital gospel et blues. Rencontre avec une Américaine qui a choisi la France. Elle a chanté en tant que choriste, avec les plus grands noms de la chanson française, Michel Berger, Hallyday, Bécaud, mais c’est Goldman qui l’a révélée au public. Carole Fredericks, sans avoir abandonné complétement son premier métier, mène maintenant parallèlement, une carrière solo. Après un premier essai réussi avec l’album « Springfield », du nom de sa ville natale aux Etats Unis, elle vient d’en sortir un second, « Couleurs et Parfums » dont elle chantera quelques nouveaux titres, ce soir.

De quelle état êtes-vous originaire ? Du Sud des Etats-Unis ?

Non je suis née au Massachusetts, entre New-York et Boston, dans une famille d’artistes. Ma mère était chanteuse et mon père pianiste et parolier, mais ils ont tout abandonné pou élever leurs neufs enfants. Taj Mahal, le chanteur de blues, c’est mon frère ainé. Au début, je ne voulais pas que les gens sachent parce que je voulais me débrouiller et réussir toute seule. Mais depuis 1990, comme ça se passe bien pour moi, je peux le dire à tout le monde.

Quand avez-vous quitté les Etats-Unis ?

Je suis arrivée en France, en 1979, et j’ai fait les chœurs dans les studios d’enregistrement pour beaucoup de vedettes françaises, tournées de Michel Berger, France Gall, Gilbert Bécaud, Mireille Mathieu. J’étais assez connue en tant que choriste.

Pourquoi avoir choisi la France ?

J’étais en Californie, je chantais dans une chorale de gospel et de temps en temps, dans un restaurant français, « La Belle Hélène ». Là, j’ai rencontré des Français qui m’ont dit qu’il fallait que je vienne chanter à Paris. Comme ma vie ne progressait pas et que je n’arrivais pas à vivre entièrement de ma musique, un beau jour sur un coup de tête, je suis partie. Sans connaitre personne, sans parler un mot de français.

C’est un peu risqué ?

Je pense que qui ne risque rien n’a rien ! Je ne voulais pas avoir de regrets. Vingt ans plus tard, je trouve que c’est une des meilleures choses que j’ai faites. Mais j’ai eu beaucoup de chance, j’ai rencontré des gens toute de suite et commence à travailler très vite. Je suis très croyante, je suis sûre que j’ai pris la bonne décision au bon moment. Mon frère, Taj Mahal m’a dit plus tard qu’il était très fier de moi. Il vit en Californie, mais il est venu me voir en concert.

Comment est-ce que tout a commencé ?

En 1986, Jean-Jacques Goldman m’a appelé et m’a proposé de chanter avec lui, pour sa tournée d’été. C’était le début d’une aventure qui continue toujours.

Vous avez participé aux disques pour les Restos du cœur, pourquoi ? Est-ce que vous connaissiez Coluche ?

Je ne le connaissais pas mais je savais qui c’était. J’ai participé au disque, chaque année parce que pour moi, c’est une bonne cause. C’est la moindre des choses que je puisse faire, donner un peu de mon temps et de mes droits, une fois par an, pour aider les gens malheureux, c’est un choix.

Pourquoi aujourd’hui, chanter en solo ?

Après le disque Fredericks-Goldman-Jones, chacun a fait un album en solo, mais ce n’est pas quelque chose que j’ai calculé, c’est arrivé comme ça. De toutes façons, Michael Jones et Jean-Jacques Goldman sont toujours impliqués. Ils écrivent toujours des chansons pour moi et font même les chœurs pour moi. C’est solo mais avec la famille.

Quel sera votre repertoire, ce soir ?

En ce moment, je chante les chansons de mon précèdent album, plutôt gospel et blues, avec des petits bijoux de « song » qui ont bercé mon enfance, auxquels j’ai rajouté quelques titres en français de mon album « Couleurs et Parfums ».

mercredi 26 mai 1999

Carole Fredericks : la frenchie

  • Carole Fredericks : la frenchie
  • France Soir
  • 26 mai 1999
  • L.M.

On l’a prise pour une folle lorsqu’elle a quitté son pays. Vingt ans plus tard, elle rencontre le succès et a pour ami Jean-Jacques Goldman.

Carole Fredericks est une femme sympathique et énergique. Dans un café, proche de la porte de la Chapelle, la « Black woman » ne cesse de sourire, parle à la vitesse d’une mitraillette et peut, en pleine conversation, se mettre à fredonner une chanson des Kinks qui passe à la radio. Originaire de Springfield, dans le Massachusetts, la chanteuse a débarqué en 1979 dans l’Hexagone, « pour essayer de vivre modestement de son métier », dit-elle. Elle a fait mieux. Choriste de tant de grands (Voulzy, Souchon,…), Carole Fredericks doit sont succès à Jean-Jacques Goldman et Michael Jones, fidèles comparses avec qui elle a sorti des albums à succès. Rencontre avec une femme alors que « Couleurs et Parfums », son album solo, est sorti ces jours-ci.

On ne peut s’empêcher d’associer votre nom à celui de Jean-Jacques Goldman. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

C’est vrai qu’il est impossible aux gens de penser à moi sans penser à Jean-Jacques, tout comme beaucoup de personnes l’associent à Michael Jones et Carole Fredericks.

C’est normal, nous nous connaissons depuis 1986, on a fait des disques et des concerts ensemble. Maintenant, j’espère que les gens vont apprécier cet album pour ce que je suis.

Jean-Jacques Goldman a signé des chansons de « Couleurs et Parfums ». C’est si difficile de couper le cordon ombilical ?

Je n’en ai pas envie. Cette rencontre avec Jean-Jacques a changé énormément de choses dans ma vie. Il m’a poussé devant la scène alors que j’étais presque inconnue. J’admire beaucoup son travail et énormément l’homme. Il fait partie de ma famille.

Êtes-vous étonnée de votre parcours ?

Aujourd’hui encore, j’ai du mal à y croire. Quand j’ai débarqué en France il y a 20 ans, je me disais que si j’arrivais à chanter régulièrement dans des petites boîtes, ça serait bien. J’ai eu 1 000 fois plus que ça. C’est fantastique. Je n’ai jamais rêvé de devenir une vedette. Gagner ma vie en chantant me suffisait.

Finalement, c’est une revanche sur les Américains qui vous ont un peu boudée au début de votre carrière.

Personne ne m’a boudée. J’ai chanté dans des chorales de gospel, dans des groupes de Top 50. Mais à côté, c’est vrai que j’étais obligée de travailler dans un bureau pour pouvoir payer mon loyer et les factures.

Pourquoi ce choix de venir en France ?

Parmi les endroits où je chantais, il y avait un restaurant français très chic. J’ai rencontré un Français qui m’a dit : « Il faut que tu viennes en France. » Au départ, j’étais très réticente à cause de la langue. Puis, un jour, j’ai accepté. J’en avais marre de ramer. Je me suis dit : « Si ça marche, tant mieux et si ça ne marche pas, au moins, tu n’auras pas de regrets lorsque tu seras mamie. » J’ai quitté mon boulot, mon appart, j’ai pris un aller-simple pour Paris. Tout le monde m’a traitée de folle dingue.

La folle dingue débarque à Paris. Et après ?

Je fais un premier album nul mais ça m’a permis de rencontrer des gens qui me proposaient de faire des chœurs pour des artistes français. De fil en aiguille, j’ai fait la connaissance de Laurent Voulzy, Alain Souchon, Michel Berger...

Quel regard portez-vous sur Céline Dion, Lara Fabian, Whitney Houston, toutes ces artistes qu’on appelle chanteuses à voix ?

Toutes ces filles que vous venez de citer ont des voix extraordinaires. Tant mieux si les gens pensent que je suis aussi une chanteuse à voix. Mais je ne crois pas que l’on joue dans la même catégorie. Elles sont quand même largement au-dessus du lot. Personnellement, ça me gêne de dire que je suis une chanteuse à voix.

Rêvez-vous de leur succès planétaire ?

Je ne suis pas envieuse des autres. Je suis très contente pour Céline parce qu’elle le mérite et qu’elle a travaillé durement pour y arriver. Maintenant, c’est sûr que je ne rechignerais pas à jouer devant 80 000 personnes.

Retournez-vous souvent aux Etats-Unis ?

J’y vais pour voir ma famille, faire quelques achats mais je préfère de loin aller chez une amie qui vit au Sénégal. La première fois que j’ai posé le pied là-bas, je m’y suis sentie comme chez moi. Au Sénégal, je me ressource et lorsque je rentre en France, je suis prête pour le combat.

samedi 1 mai 1999

Carole Fredericks chante avec son coeur

  • Carole Fredericks chante avec son coeur
  • Télémagazine
  • 1er au 7 mai 1999

Choriste devenue célèbre grâce au trio Fredericks Goldman Jones, Carole Fredericks chante maintenant en solo.

Illuminée d'un sourire radieux, elle fixe l'écran de télévision, en dansant, en chantant et en riant comme une petite fille. Carole Fredericks, joyeuse et émue, est en train de découvrir son dernier clip, tourné récemment à Los Angeles. « Qu'est ce qui t'amène », extrait de son deuxième album solo, « Couleurs et Parfums » (M6 Interactions), arrive dans les bacs le 3 mai. Ce nouvel album de onze chansons, qu'elle évoquera aujourd'hui chez Michel Drucker, représente un virage dans sa carrière, un changement de style. « Dans mon premier album, explique-t-elle dans un très bon français, on retrouvait mes racines, le gospel et le blues. Celui-ci est groove, soul et pop, mais ça reste de la musique noire. J'avais envie d'élargir mon éventail musical, mais aussi de chanter en français plutôt qu'en anglais. »

La scène et les dragons

Née au Massachusetts, Carole dit pourtant ne pas rêver d'une carrière aux USA : « Après vingt ans, ma vie est ici, en France ». Et depuis plus de deux ans, la chanteuse écume les scènes françaises avec son groupe Les Dragons. « C'est sur scène que je me sens le mieux. Je peux être fatiguée, triste ou bien fâchée, j'oublie tout. C'est la magie de la scène ». Elle sait qu'elle doit beaucoup à celui qu'elle appelle « mon Jean-Jacques » (Goldman) : « Il a vu quelque chose en moi ». Sans doute a-t-il été séduit par sa gentillesse, sa joie de vivre et… son excentricité. « Mon caractère est assez volcanique, conclut-elle Mais en même temps, je suis très fragile et romantique. Et si j'admire les chanteurs engagés, moi, je n'aime que les chansons d'amour ».

dimanche 1 novembre 1998

Carole Fredericks & Poetic Lovers : une romance d'aujourd'hui

  • Carole Fredericks & Poetic Lovers : une romance d'aujourd'hui
  • Platine Magazine
  • Novembre 1999
  • Ludovic Perrin

Les ventes de l’album « Amants poétiques » commençaient à s’essouffler. En rajoutant le titre « Personne ne saurait », un quatrième single écrit par Goldman et Veneruso, les Poetic Lover atteignent le disque de platine (300.000 exemplaires). Un échange de bons procédés entre Carole Fredericks et les Poetic.

Comment avez-vous été amenés à vous rencontrer ?

Carole Fredericks : Un jour, après les avoir vus à la tv, j’ai éprouvé le vif désir de chanter avec eux. Je les avais auparavant découverts dans Graines de Star et, déjà, ils m’avaient étonnée. Jacques Veneruso avait composé une musique que j’adorais. Ce n’est que plus tard que Jean-Jacques Goldman a trouvé des paroles pour Personne ne saurait. Jean-Jacques est très curieux, il écoute toutes sortes de musiques. Nous avons alors contacté M6 Interactions qui a transmis notre demande. Les Poetic Lovers avaient alors un emploi du temps surchargé, moi aussi je jouais en tournée mon album gospel « Springfield ». En mars 1998, nous étions fixés et en juin, nous enregistrions ensemble au Studio Plus XXX à Paris.

Qu’est-ce que cela vous a apporté de chanter avec Carole Fredericks ?

Poetic Lovers : Ce duo nous a donné une vrai assise et une crédibilité auprès des professionnels et des médias qui nous ont souvent cantonnés à un boys bands.

Carole Fredericks : Je trouve cela ridicule et réducteur, car c’est un vrai groupe de chanteurs, ils ne se sont pas formés après un casting.

Poetic Lovers : Carole n’aurait sûrement pas pu faire un duo avec les 2be3 !

Carole Fredericks : Ce sont des rencontres musicales et mon désir a croisé le leur...

Cette collaboration vous rappelle-t-elle l’époque où fraîchement arrivée en France en 1979, Laurent Voulzy vous donnait votre chance ?

Carole Fredericks : Non, la situation avec Laurent Voulzy était différente. Mais chaque expérience était unique selon les envies des chanteurs avec lesquelles je me produisais, que ce soit avec Dalida, Hallyday, Berger, ou France Gall. Mais le déclic à été la rencontre avec Jean-Jacques Goldman qui a permis à ce que mon visage et ma voix soient connus.

Cette chanson « Personne ne saurait », était-ce pour prolonger la vie de l’album Amants poétiques ?

Poetic Lovers : Oui, d’une certaine manière.

Est-ce la première fois qu’un auteur-compositeur écrit pour vous ?

Poetic Lovers : Non, sur « Amants poétiques », quelques chansons avaient étés composées par des amis à nous, arrangeurs, mais qui ne bénéficient pas de la notoriété de Jean-Jacques Goldman.

Si Worlds Apart (« Je te donne »), Melgrove (« Pas toi ») avaient repris Goldman en revanche lui ne s’était jamais risqué à écrire pour de jeunes talents. Recevez-vous cela comme un compliment ?

Poétic : Bien sûr.

Carole Fredericks : Jean-Jacques Goldman, moi, et également Michael Jones avions envie de collaborer avec les Poetic Lovers. Tout le monde était très motivé.

Quel titre aimeriez-vous reprendre ?

Poetic Lovers : Difficile de faire un choix... Il y en a tellement... Peut-être « Pas toi » comme Melgrove.

Carole Fredericks : Sur mon prochain album studio, je reprendrai une de ses chansons dont je préfère taire le nom, par superstition.

Platine : Avec quels autres auteurs et compositeurs, rêveriez-vous de collaborer ?

Carole et Poétic : On peut rêver, alors disons Babyface, Mellisa « Missy » Elliott, une femme extraordinaire à la fois auteur, compositeur, producteur. Elle écrit autant de la soul que du R&B. Elle est formidable.

Goldman a-t-il assisté aux séances d’enregistrements de « Personne ne saurait » ?

Carole Fredericks : Il est venu pendant l’enregistrement, il nous a donné son avis. Et il paraît entièrement satisfait du résultat.

Platine : Entre les Poétic Lover et Carole Fredericks, chanteurs à voix, y avait-t-il de la concurrence en studio ?

Carole Fredericks : Non ! pour moi, c’est une communication de voix. Elles m’ont inspiré et eux m’ont donné envie de chanter. Chanter de la soul en français ça m’épate !

Poetic Lovers : C’est vrai que le français ne s’y prête pas contrairement à l’anglais où tout passe. C’est plus facile de dire « I love you » que « Je t’aime ». Ça amène à trouver de nouvelles tournures syntaxiques, à utiliser le franglais comme dans « Fier de ton love. » « Amants poétiques » est ressorti avec « Personne ne saurait » et deux titres en anglais. Avez-vous de vous exportez ?

Poetic Lovers : Oui, on nous a conseillé d’essayer de toucher le marché anglophone. Nous avons adapté nos 2 premiers singles, « Prenons notre temps » et « Qu’il en soit ainsi » car ils nous avaient portaient chance. Ce furent nos deux premiers succès. Si l’essai est concluant, nous enregistrerons tout l’album en anglais et le sortirions dans les pays déjà intéressés.

Allez-vous produire ensemble sur scène ?

Carole Fredericks : Oui, je participerai à des scènes en fonction de mes disponibilités car je tourne encore avec mon groupe.

Platine : Quels sont vos projets ?

Poétic : Nous avons une foule de projets, nous ne sommes jamais à court d’idées. Un live est prévu ainsi qu’un deuxième album. Plusieurs titres ont déjà composés, enregistrés et produits. Mais on ne souhaite pas à tout prix sortir un album par an. On veut prendre le temps de bien faire les choses, car nous privilégions avant tout la qualité.

Carole Fredericks : J’enregistre actuellement mon prochain album studio, un disque en français de soul et de groove. Depuis vingt ans, la musique en France a énormément évolué. Des chanteurs ou rappeurs tels que Melgroove, Passi et MC Solaar ont réussi à faire swinguer le français. Pour ce disque, Jean-Jacques Goldman, Yvonne Jones, Jacques Veneruso, Michael Jones et Franck Levy m’ont écrit des chansons.

Vous n’avez rien écrit ?

Carole Fredericks : Non, sur mon précèdent album, j’avais couché quelques textes en anglais, mais ce n’est pas mon truc. Je préfère laisser cela à ceux dont c’est le métier.

Aujourd’hui, à la Fnac des Champs-Elysées, vous dédicacez votre cassette vidéo « Portraits ». Pourquoi avez vous sorti ce produit qui pourrait à nouveau vous assimilez à un boys-band ?

Poetic Lovers : Ça a été fait pour la promotion. Nous sommes dans une maison de disques et on nous demande de sortir des produits dérivés. Ce n’est pas notre aspiration première qui est de chanter.

Carole Fredericks : Mais ça fait plaisir à vos fans ! Un chanteur vit grâce à son public !

Avez-vous un contact avec votre public ?

Poetic Lovers : Oui, nous reconnaissons des fans fidèles à tous nos concerts avec lesquels nous avons noué un dialogue. C’est la raison pour laquelle nous avons créé un fan-club. Nous recevons beaucoup de courrier auquel il nous arrive parfois de répondre. Les lettres qui nous ont fait le plus plaisir ! Quand elles sont élogieuses. Quelques fois ils nous arrivent de téléphoner. C’est la moindre des choses car ce sont nos fans qui nous permettent d’exister.

Carole Fredericks : Moi aussi, je reçois des lettres de fans qui me félicitent pour ma collaboration avec les Poetic Lover. Même dans la rue, des gens m’arrêtent. Cette rencontre, c’est une nouvelle direction, qui m’a conduit à un autre point de ma carrière.